Les rumeurs de coup d’Etat imminent en Birmanie, qui se sont propagées ces derniers jours après une déclaration aux implications inquiétantes du chef de l’armée, marquent une nouvelle étape de la dégradation des relations entre les militaires et la dirigeante Aung San Suu Kyi, l’ancienne dissidente qui fut la bête noire des généraux au temps de la dictature.
Le général Min Aung Hlaing, le chef de la Tatmadaw, les forces armées birmanes, conteste, de manière « trumpienne », le résultat des élections législatives de novembre 2020. Celles-ci avaient consacré la suprématie politique de la Ligue nationale de la démocratie (NLD), le parti de Mme Suu Kyi. Mais le général demande qu’une enquête soit diligentée pour faire toute la lumière sur un processus électoral entaché, selon lui, de 8,6 millions de cas de fraude. La commission électorale a beau avoir qualifié ces accusations d’« absurdes », la hiérarchie militaire se plaint que ses demandes d’enquête n’aient pas été prises en compte.
Les raisons de la colère du général Min Aung Hlaing sont transparentes : la formation alliée des militaires, le Parti de l’union, de la solidarité et du développement (USDP), a été laminée lors des élections du 8 novembre, ne parvenant à gagner que 33 des 476 sièges du Parlement. Pour la NLD, ce fut le triomphe absolu, sa victoire dépassant même celle de 2015, qui avait entériné la fin de la dictature et sanctionné l’arrivée au pouvoir de l’ex-« Dame de Rangoun ». La NLD dispose aujourd’hui de 82 % des sièges du Parlement.
« Il ne faut pas sous-estimer l’humiliation ressentie par le général Min Aung Hlaing, puissant ressort de sa colère », estime un expert étranger en poste à Rangoun, qui requiert l’anonymat. Depuis la publication des résultats électoraux, le « senior général » ne digère pas ce camouflet infligé à sa créature, l’USDP.
« Fantômes politiques »
L’ambiance s’est soudain alourdie, mardi 26 janvier, au cours d’une sortie médiatisée du porte-parole de l’armée, le major général Zaw Min Tun : lors d’une conférence de presse, ce dernier a refusé d’exclure l’éventualité d’un coup d’Etat si les doléances de militaires n’étaient pas entendues. Les élections « n’ont été ni libres ni justes », a martelé le porte-parole.
Le lendemain, mercredi, lors d’un discours devant les officiers de l’Académie militaire, le chef de l’armée a été plus explicite, n’hésitant pas à insinuer que la Constitution, promulguée en 2008 sous régime militaire, pourrait être révoquée si les « lois n’étaient pas respectées ». Sous-entendu : les « fraudes électorales » violent la loi et entachent la Constitution, qui est « la mère de toutes les lois ». Et si les lois ne sont pas respectées, il faut alors « révoquer » la Constitution…
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