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Dette publique: qui va rembourser les « milliards magiques »?

Un déficit, en 2020, de 178 milliards d’euros, soit 85 milliards de plus qu’en 2019. Une dette qui s’élève à 2.400 milliards. Un plan de relance de 100 milliards… Les chiffres ne veulent plus rien dire. Ils déroutent l’esprit. Comme le dit Bruno Le Maire dans son livre L’Ange et la Bête (Gallimard), on a changé d’échelle : « Un milliard en 2019, cela représentait pour nos finances publiques que nous avions réussi à stabiliser une somme vertigineuse. A ce moment-là du quinquennat, l’unité de compte restait la dizaine de millions d’euros, depuis la crise, elle dépasse le milliard. »

Des milliards magiques, qui ne sont pas douloureux, les Etats ayant la possibilité de s’endetter à bas coût. Ainsi, alors que la dette est passée, en France, de 100 à près de 120 % du PIB, le coût de l’emprunt n’a jamais été aussi faible. Pourquoi se priver ? Sauf que, comme pour les personnages de Tex Avery qui continuent de courir au-dessus du vide, un jour, il faudra bien atterrir ! Plus ou moins brutalement. Et a priori rembourser la dette. Mais elle est tellement colossale que certains économistes préconisent de la sanctuariser, de la geler… Et les politiques se sont engouffrés dans la brèche.

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milliards de plus qu’en 2019. Une dette qui s’élève à 2.400 milliards. Un plan de relance de 100 milliards… Les chiffres ne veulent plus rien dire. Ils déroutent l’esprit. Comme le dit Bruno Le Maire dans son livre L’Ange et la Bête (Gallimard), on a changé d’échelle : « Un milliard en 2019, cela représentait pour nos finances publiques que nous avions réussi à stabiliser une somme vertigineuse. A ce moment-là du quinquennat, l’unité de compte restait la dizaine de millions d’euros, depuis la crise, elle dépasse le milliard. »

Des milliards magiques, qui ne sont pas douloureux, les Etats ayant la possibilité de s’endetter à bas coût. Ainsi, alors que la dette est passée, en France, de 100 à près de 120 % du PIB, le coût de l’emprunt n’a jamais été aussi faible. Pourquoi se priver ? Sauf que, comme pour les personnages de Tex Avery qui continuent de courir au-dessus du vide, un jour, il faudra bien atterrir ! Plus ou moins brutalement. Et a priori rembourser la dette. Mais elle est tellement colossale que certains économistes préconisent de la sanctuariser, de la geler… Et les politiques se sont engouffrés dans la brèche.

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Dette perpétuelle?

« Personne ne paiera jamais la dette publique », claironne le patron de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélen-chon, qui veut même mutualiser celle des petites entreprises, les arrimer au Budget de l’Etat et négocier avec la Banque centrale européenne (BCE) pour qu’elle « la mette au Frigidaire ». Arnaud Montebourg, candidat putatif à la présidentielle, préconise, lui, une annulation des seules « dettes Covid ». Comme l’écologiste Yannick Jadot, qui a retweeté l’analyse de l’économiste Daniel Cohen et du banquier Nicolas Théry : « Le monde néolibéral est mort. Il faut financer la crise et les investissements climatiques avec une dette de très longue durée à 50 ou 100 ans, voire perpétuelle. » Une dette perpétuelle. Le nouveau mot magique. Une solution préconisée par DSK, Alain Minc, Mario Draghi, ex-patron de la BCE… Même le parti Les Républicains, hier chantre de la rigueur et des comptes au carré, vacille. Guillaume Peltier, vice-président délégué de LR, affirme : « Il faut transformer une partie de la dette, comme la dette Covid, en une dette perpétuelle. »

Lui aussi ! Quant au Rassemblement national, il estime que la dette Covid, détenue par la BCE, « est tout à fait annulable » ! Pourtant les Français ne sont pas aussi chimériques. Selon le sondage Odoxa-Aviva pour Challenges et BFMBusiness, 65 % estiment qu’il faudra rembourser. Pourvu que cela ne soit pas eux ! Ils ne sont que 7 % à déclarer qu’il faudra leur demander un effort. Et 39 % préconisent une contribution exceptionnelle des grandes fortunes.

Mélenchonisation

Oubliés, donc, Maastricht et les 3 %. Evanoui, le principe de réalité. Envolée, cette fameuse culture de gouvernement si durement acquise. Désinhibés, les dirigeants politiques renouent avec leurs vieux démons : la relance par la dépense publique, les baisses d’impôts… L’élection présidentielle, et sa cohorte de promesses, approche. « Ça va être le concours Lépine de la dépense publique » , s’inquiète le conseiller d’Emmanuel Macron, Thierry Solère. Les Républicains ont déjà présenté un programme ultra-dépensier, avec baisse de la CSG, hausse du smic, baisse de la TVA pour la restauration…

Eric Woerth a crié à la mélenchonisation du parti. Jean-Luc Mélenchon, justement, qui a déjà projeté d’investir 100 milliards d’euros dans la transition énergétique, la construction de 700 000 logements sociaux, l’ouverture de 500 000 places de crèches, une allocation pour les jeunes, le smic à 1 400 euros net, la retraite à 60 ans, une sixième semaine de congé généralisée… Et personne ne crie au fou ! Le député LFI Eric Coquerel rappelle : « Quand en 2017 on a proposé un plan d’investissement à 100 milliards tout le monde nous riait au nez. Pas réaliste. Aujourd’hui, la question se pose autrement. Et que des libéraux comme Alain Minc ou Patrick Artus disent qu’on est passé à un autre monde, cela nous aide ! » Mais il n’est pas dupe : « Au fur et à mesure qu’on va se rapprocher de la présidentielle, le discours de l’offre, de la baisse de la dépense publique et des réformes va revenir en force. « 

Sortir du « quoi qu’il en coûte »

La question de l’après et du remboursement de la dette sera en effet un enjeu majeur de la prochaine campagne. Impossible pour Emmanuel Macron de ne pas faire face. Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, l’a déjà rappelé à l’ordre. D’ailleurs, le rapporteur du Budget à l’Assemblée, Laurent Saint-Martin, l’assume : « LREM devra porter un discours de vérité, de sérieux budgétaire qui tranche avec les propositions irréalistes et mêmes dangereuses d’annulation de la dette. » Mais, pour l’heure, l’exécutif a du mal à sortir du « quoi qu’il en coûte » lancé par le chef de l’Etat. Le ministre des Finances Bruno Le Maire répète : « Il faut faire les choses les unes après les autres. La protection et la relance. Puis reprendre le chemin des réformes. » Il est bien seul. Et ce n’est pas la perspective d’un nouveau confinement qui va lui apporter des alliés. Mais il assume : « Quand on doit lever 300 milliards d’euros par an, on ne joue pas avec la dette. »

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