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Reconfinement: quel coût pour l’économie ?

Une quasi-exception en Europe : alors que le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche, la Pologne, la Hongrie, l’Italie, le Portugal se sont tous reconfinés en catastrophe face au retour de flamme du coronavirus, la France, passée à un couvre-feu national à 18 heures depuis le 16 janvier, tient encore bon. Jusqu’à quand ? Certes moins grave que celle de ses voisins, la situation sanitaire hexagonale n’est plus stable. La moyenne de contaminations dépasse les 20.000 cas par jour, il rentre à nouveau bien plus de malades du Covid à l’hôpital qu’il n’en sort (2.300 de plus au 25 janvier qu’au 31 décembre). Surtout, le redoutable variant anglais, au moins 50% plus contagieux, se propage sur le territoire.

Un troisième confinement apparait donc inéluctable, même si Macron, conscient des dégâts économiques et surtout du spectre de désobeissance civile, entend gagner un maximum de temps. C’est d’ailleurs ce qu’a laissé entendre le porte-parole du gouvernement à l’issue du Conseil de défense sanitaire qui s’est tenu à l’Elysée mercredi 27 janvier, après examen de deux études, l’une sur l’impact de quinze jours de couvre-feu généralisé, l’autre sur la vitesse de diffusion dans l’Hexagone des variants plus dangereux (britannique, sud-africain, brésilien…). Le couvre-feu « ne freine pas suffisamment » la circulation du Covid-19 tandis que

les Pays-Bas, l’Autriche, la Pologne, la Hongrie, l’Italie, le Portugal se sont tous reconfinés en catastrophe face au retour de flamme du coronavirus, la France, passée à un couvre-feu national à 18 heures depuis le 16 janvier, tient encore bon. Jusqu’à quand ? Certes moins grave que celle de ses voisins, la situation sanitaire hexagonale n’est plus stable. La moyenne de contaminations dépasse les 20.000 cas par jour, il rentre à nouveau bien plus de malades du Covid à l’hôpital qu’il n’en sort (2.300 de plus au 25 janvier qu’au 31 décembre). Surtout, le redoutable variant anglais, au moins 50% plus contagieux, se propage sur le territoire.

Un troisième confinement apparait donc inéluctable, même si Macron, conscient des dégâts économiques et surtout du spectre de désobeissance civile, entend gagner un maximum de temps. C’est d’ailleurs ce qu’a laissé entendre le porte-parole du gouvernement à l’issue du Conseil de défense sanitaire qui s’est tenu à l’Elysée mercredi 27 janvier, après examen de deux études, l’une sur l’impact de quinze jours de couvre-feu généralisé, l’autre sur la vitesse de diffusion dans l’Hexagone des variants plus dangereux (britannique, sud-africain, brésilien…). Le couvre-feu « ne freine pas suffisamment » la circulation du Covid-19 tandis que « les variants se développent à un rythme important », a révélé Gabriel Attal, qui indique que « différents scénarios », sont à l’étude parmi lesquels un « confinement très serré ». Son annonce pourrait avoir lieu la semaine prochaine.

Les 6% de croissance hors de portée

Quelles en seront la durée et les modalités ? Pour l’instant, l’exécutif semble privilégier la version de l’automne 2020, avec les commerces « non essentiels » fermés mais les écoles ouvertes (une priorité du gouvernement) et les dispositions assouplies de télétravail, plutôt que celui, plus drastique, du printemps 2020. Du côté des économistes, c’est la douche froide, à mesure que le rebond épidémique éloigne la reprise économique. Bruno Le Maire, qui avait déjà baissé en novembre la prévision de croissance du gouvernement de 8 à 6% en 2021, n’y croit plus, indiquant que ce chiffre « sera revu si un nouveau confinement est instauré », tout en misant sur « la rapidité de la campagne de vaccination » pour « nous protéger de la crise ». Las, sur ce front, l’horizon est aussi sombre. Si la France a accéléré, franchissant le seuil du million de vaccinés au 25 janvier, l’objectif d’avoir vacciné l’ensemble des Français pour fin août promis par le ministre de la Santé Olivier Véran est jugé inatteignable par le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy, qui estime que « d’ici la fin de l’été, on aura vacciné 40% de la population, pas plus » .

De plus, même une vaccination générale ne garantit pas de se débarrasser du virus. « On vivait avec l’idée qu’à partir du second semestre, on serait tranquilles mais les sérums actuels n’immunisent pas forcément contre tous les variants, s’affole Patrick Artus, chef économiste de Natixis. Dans un scénario noir, une course va s’engager entre la production de nouveaux vaccins efficaces contre les variants en circulation -ce qui prend minimum six mois- et la multiplication des mutations du virus. Ce serait un drame pour l’économie, avec une croissance entravée non seulement en 2021 mais encore en 2022, en 2023… » Sachant que, selon lui, un mois de confinement « dur » coûte 2 points de PIB annuel et un mois de confinement « léger » 1 point de PIB, il a réduit drastiquement sa prévision de croissance 2021 à 1-2%, se basant sur un mois de confinement 1ère version (-2 points de PIB), et deux mois au moins de confinement 2e version (-2 points de PIB).

Sans aller jusqu’à des hypothèses aussi pessimistes, tous les économistes sont en train de revoir leurs chiffres, sachant que les services, qui pèsent plus de 80% du PIB tricolore, sont plus affectés avec des secteurs entiers -le transport aérien, l’aéronautique, l’hôtellerie-restauration, le tourisme, l’évènementiel, la culture, les loisirs- quasi à l’arrêt. « Mais il y a aussi des enseignements positifs à tirer après un an sous Covid, rassure Gilles Moëc, économiste chez Axa. D’abord, on a pu constater la vigueur de la reprise, dopée par l’appétit des consommateurs, dès que la vis sanitaire se desserre. Et il faut remarquer aussi la résilience de secteurs clés comme l’industrie, la construction, l’adaptabilité d’autres via la numérisation et le télétravail. » Du coup, il parie sur une croissance de 4,4% pour cette année.

Le « quoi qu’il en coûte » plus que jamais d’actualité

Reste que dans ce contexte de contraintes sanitaires à durée indéterminée, les vannes de l’aide publique « quoi qu’il en coûte » sont obligées d’être maintenues grandes ouvertes. Généreux, le dispositif de chômage partiel, qui a permis aux ménages de ne voir leur pouvoir d’achat reculer que de 0,3% en 2020, reste en place au moins jusqu’en juin. L’attention se porte surtout sur les entreprises, où « les subventions ont d’abord été de moindre ampleur que dans les autres pays, notamment pour les TPE et petits entrepreneurs », selon une note du Conseil national de productivité du 6 janvier. Bercy a cependant depuis rectifié le tir, boostant son fonds de solidarité en décembre, ce qui a relevé l’effort global d’urgence de 3,8% à 4,4% du PIB. Et l’enveloppe a été de nouveau gonflée le 14 janvier, avec l’abandon (et non plus le report) des charges sociales, une compensation passant de 10.000 euros par mois à 20% du chiffre d’affaires pour les PME, commerces, indépendants lourdement touchés, voire une prise en charge des coûts fixes jusqu’à 70% pour les sociétés de plus de 1 million de chiffre d’affaires.

Au-delà, le soutien de l’Etat est cependant surtout passé par les prêts qu’il garantit à 90% (PGE), très prisés avec 131 milliards accordés à 640.000 sociétés. Une perfusion qui a permis de faire reculer les faillites de 30% en 2020. Mais après avoir subi un troisième confinement, pourront-elles rembourser ? Pour leur donner de l’oxygène, le différé de remboursement vient d’être prolongé à deux ans, mais sera-ce suffisant ? Les économistes sont unanimes : l’Etat devra sûrement distribuer encore plus d’aides en fonds propres, voire entrer dans le capital de groupes en détresse, en portage d’urgence. Envisageant le pire, Bruno Le Maire a déjà annoncé à l’Assemblée nationale le 20 janvier se tenir prêt à de « nouvelles mesures de soutien » s’il n’y avait pas de « retour à la normale d’ici la fin 2021 ». Ce qui est malheureusement probable.

 

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