Analyse. Depuis le début du mois de décembre 2020, il y a un septième drapeau sur la Lune. Mais, contrairement aux six premiers, tous américains, plantés par des humains entre 1969 et 1972 durant l’aventure Apollo, celui-ci est chinois. Il a été déployé de manière automatique lors de la mission robotisée Chang’e-5. Cette bannière rouge frappée des cinq étoiles jaunes et la réussite totale de Chang’e-5, qui a relevé de nombreux défis techniques pour rapporter sur Terre plus de 1,7 kilogramme de sol lunaire, symbolisent la montée en puissance du spatial chinois, pour lequel 2020 a indubitablement constitué une année charnière.
En plus du succès de Chang’e-5, Pékin n’a cessé, au cours des douze derniers mois, de faire la démonstration de son savoir-faire dans l’espace. Qu’on en juge : une quarantaine de décollages de fusées – à peine moins que les Etats-Unis (dopés par les lancements à répétition de la société SpaceX d’Elon Musk, qui constitue sa constellation de satellites Starlink), mais loin devant l’Europe ; une panoplie de lanceurs renforcée, avec les premiers tirs des fusées Longue Marche-5B et Longue Marche-8 ; l’achèvement de Beidu, le système de positionnement par satellites chinois, analogue au GPS américain, au Glonass russe et au Galileo européen ; la mise en orbite de plusieurs séries d’engins d’observation de la Terre (pour certains à visée militaire) ; le vol réussi, en mai 2020, d’une capsule habitée de nouvelle génération ; le décollage, enfin, de Tianwen-1, la première mission martienne chinoise, très ambitieuse puisqu’elle cumule un orbiteur, un atterrisseur et un rover (véhicule à moteur) qui se promènera à la surface de la Planète rouge, à l’instar des astromobiles que la NASA envoie sur Mars depuis un quart de siècle.
2021, année symbolique
Tianwen-1 devrait arriver à destination début février et, si l’atterrissage réussit – un exercice autrement plus compliqué sur Mars que sur la Lune, en raison de la présence d’une atmosphère –, ce sera pour Pékin une superbe entrée en matière pour 2021, année symbolique pour le pouvoir, puisque sera fêté le centenaire du Parti communiste chinois. Mais 2021 marquera aussi une nouvelle étape pour le spatial chinois, avec le début de la construction d’une station orbitale destinée à être habitée en permanence, contrairement aux petites stations prototypes Tiangong-1 et 2, dont l’occupation fut plus qu’intermittente. Elles ne comportaient d’ailleurs qu’un seul élément, tandis que la future station en comptera trois : un module d’habitation et deux laboratoires.
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