Dans le débat sur la dette publique, les postions sont désormais assez claires : celle du gouverneur de la Banque de France, martelée dans Challenges cette semaine (« Une dette doit être remboursée »), celle des radicaux, essentiellement en France, qui prônent une annulation, emmenés par Jean-Luc Mélenchon et l’économiste Gaël Giraud ; et entre les deux, celles de toute une palette d’intervenants plus classiques, qui cherchent néanmoins des marges de manœuvre, depuis l’ancien chef économiste du FMI, Olivier Blanchard dans Les Echos, jusqu’à Alain Minc et sa proposition de dette perpétuelle. Mais qu’en pensent les Français ?
Un sondage Odoxa-Aviva réalisé pour Challenges et BFM Business (voir ci-dessous) montre, sans surprise, que seuls 7 % des Français sont pour le remboursement selon les termes prévus. Et qu’à l’inverse, ils sont un tiers à soutenir qu’il « ne faut tout simplement pas rembourser la dette Covid ». Parmi les autres, deux sous-tendances : 30 % sont prêts au remboursement, mais en l’étalant dans le temps (un schéma que le gouverneur de la Banque de France est prêt à étudier) ; et 39 % des personnes interrogées poussent l’idée qu’il faudrait en rembourser « une bonne partie avec une contribution exceptionnelle des grandes fortunes » ! Une fois de plus, notre pays montre sa pente naturelle
« Argent magique »
« L’argent magique » n’a donc pas fini de faire des dégâts, même si nos gouvernants répètent à l’envie « qu’il n’existe pas », à commencer par le président de la République et son ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance. Et pourtant il faut un joli tour de passe-passe pour financer sans coup férir, et à taux négatifs, les 200 milliards d’euros de dettes supplémentaires engrangés en 2020 avec la lutte contre les effets du Covid.
Car il y a une belle dose de non-dit sur ce financement : « La Banque centrale européenne (BCE) ne peut acheter directement de la dette publique », nous rappelle le gouverneur de la Banque de France, puisque ce serait contraire aux traités. Pourtant, comme en témoigne notre reportage au sein de l’Agence France Trésor dans Challenges, la moitié des titres émis par la France se retrouvent in fine dans le bilan de la BCE quelques heures après leur adjudication, via un passage purement formel sur le marché secondaire animé par les banques internationales. Et comme « il n’y a pas de plafond théorique à la taille du bilan de la BCE » – phrase la plus importante de l’interview de François Villeroy de Galhau -, le financement des déficits n’est plus un sujet. Sauf, répète le gouverneur, qu’ »une dette doit être remboursée tôt ou tard ».
Comme toujours en économie, tout est affaire de psychologie. C’est notre éditorialiste André Comte-Sponville qui pousse au bout le parallèle entre dette et magie : « La magie n’est efficace que si l’on y croit. L’argent magique, ou supposé tel, ne le demeure que tant qu’on croit à la monnaie en question ». Et c’est là que le gouverneur a raison, quels que soient les artifices avec les traités pendant la période exceptionnelle actuelle : « Il faut que la dette soit soutenable, autrement dit que la signature du pays continue à inspirer confiance à ceux qui nous prêtent. » Et on ne joue pas avec cela.
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