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« L’Union européenne voudra-t-elle se regarder dans le miroir de l’Etat de droit que lui tend la Catalogne ? »

Tribune. Le 4 décembre 2020, la Cour suprême espagnole a révoqué la mise en liberté conditionnelle de neuf prisonniers politiques catalans, liberté partielle qui leur permettait de travailler en dehors de la prison et qui leur avait été accordée et ratifiée par trois juges d’application des peines. Les lourdes condamnations à des peines de neuf à treize années de prison pour délit de sédition, et l’intransigeance de Madrid dans leur application, illustrent l’état du dialogue entre pouvoir central espagnol et pouvoir régional catalan.

Dans l’emprisonnement de l’ancienne présidente du Parlement catalan Carme Forcadell, de l’ancien vice-président catalan Oriol Junqueras, de ministres régionaux et leaders associatifs et dans les nombreuses autres affaires en justice en cours, on pourrait ne voir qu’affaires espagnoles.

Bouclier protecteur

A vrai dire, il n’est guère de leader catalan en responsabilité en 2017, lors du référendum pour l’indépendance de la Catalogne puis sa proclamation, qui n’ait été inquiété depuis par la justice espagnole. La justice européenne semble être un bouclier protecteur pour les leaders catalans, comme le démontre le récent rejet de la justice belge à renvoyer en Espagne l’ancien ministre de la culture catalane Lluís Puig. Déjà en 2018, la justice allemande avait refusé de renvoyer l’ancien président Carles Puigdemont pour sédition, le même motif qui a mené ses collègues restés en Espagne à des condamnations.

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De même, la récente destitution du président du gouvernement de Catalogne Quim Torra par la Cour suprême espagnole pour désobéissance, menant droit à des élections anticipées au Parlement catalan, pourrait laisser penser à quelques querelles de clocher qui, parce que par-delà les Pyrénées et la frontière, ne nous concernent pas.

La France reconnaît et respecte pleinement la souveraineté de l’Espagne et ne saurait par conséquent s’immiscer dans les affaires intérieures espagnoles.

Cependant, les exils politiques de Catalans, à Bruxelles, Genève ou en Ecosse, ont internationalisé la question. Par-delà l’indépendantisme, la question catalane s’impose désormais dans une réflexion plus large, française mais surtout européenne, avec l’élection – et sa contestation par le pouvoir espagnol – en 2019 des députés européens Carles Puigdemont (ancien président de l’exécutif catalan), Toni Comín (ancien ministre de santé régional), Clara Ponsati (ancienne ministre de l’enseignement du gouvernement de Catalogne) et Oriol Junqueras.

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