Annoncée par la ministre de la Transition écologique à la rentrée 2020, la fin de la captivité des cétacés fait l’objet d’une proposition de loi en cours d’examen par les parlementaires. Lors des débats préliminaires, certains députés ont déjà pris position pour que les delphinariums puissent se reconvertir en « sanctuaires » accueillant les 33 dauphins et orques détenus dans l’hexagone. Le Parc Astérix a quant à lui annoncé le transfert de ses animaux vers d’autres delphinariums en Europe. L’analyse de 30millionsdamis.fr.
Terrifiant ! A l’heure où se profile l’interdiction de la captivité des cétacés, annoncée par la ministre de la Transition écologique et solidaire Barbara Pompili et bientôt actée par la « Proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale » (n°3661), les delphinariums français* envisageraient des « solutions » déjà controversées pour se débarrasser de leurs pensionnaires, soit 29 dauphins et 4 orques aujourd’hui détenus en captivité rien que sur le territoire métropolitain. Si les délais d’application doivent encore être discutés en séance publique, les dauphins et les orques devraient respectivement avoir disparu des bassins sous 7 ans et sous 2 ans… mais pour quel avenir ?
Exploités… par d’autres delphinariums !
Le transfert vers d’autres delphinariums ne fait que déplacer le problème.
Christine Grandjean, C’est Assez!
Dans ce contexte, le Parc Astérix (60) vient d’annoncer par communiqué (25/01/2020) la fermeture prochaine de son delphinarium et le transfert au cours des prochains mois de ses 8 dauphins « dans des delphinariums parmi les 27 européens reconnus par les instances scientifiques et gouvernementales ». « C’est la solution qui est apparue la meilleure pour leur assurer de bonnes conditions de vie », assure le responsable du parc, interrogé par Le Parisien. « Pour les dauphins, c’est une extrêmement mauvaise nouvelle, lui oppose Christine Grandjean, présidente de l’association C’est Assez!, jointe par 30millionsdamis.fr. Transportés par camions, ils vont arriver dans des bassins inconnus, séparés de leurs compagnons d’infortune et de leurs soigneurs. Un énorme traumatisme ! » Sans compter qu’ils seront à nouveau exploités… par d’autres !
« Depuis de nombreuses années, les responsables du parc nous assurent vouloir trouver la « meilleure solution » pour le bien-être de leurs animaux. Au final, en transférant leurs dauphins vers d’autres delphinariums, ils ne font que déplacer le problème », s’indigne la responsable de C’est Assez!. Les défenseurs des animaux ont par ailleurs fait part de leur inquiétude pour Femke, une femelle atteinte d’un syndrome de Cushing, dont l’état de santé s’avérerait incompatible avec un tel transfert. En attendant, le déplacement des dauphins aurait déjà commencé, selon une information publiée sur Twitter par l’ONG Marine Connection : « Un dauphin est arrivé récemment à l’aéroport de Norrköping, en Suède, probablement du Parc Astérix en France et à destination du parc animalier de Kolmården. »
Définir ce qu’est un « sanctuaire »
L’épineuse question du devenir des cétacés captifs s’était posée lors des débats en Commission des Affaires économiques à l’Assemblée nationale (20/01/2020). Si la réintroduction en milieu naturel est une possibilité comme l’a rappelé Cédric Villani, député LReM de l’Essonne, ces animaux – n’ayant connu que le béton des bassins – ne peuvent toutefois être relâchés directement dans l’océan. Dès lors, il faut prévoir des lieux d’accueil temporaires (« refuges ») ou définitifs (« sanctuaires ») destinés à ceux qui, pour des raisons de santé ou de comportement, ne peuvent espérer retrouver la liberté.
Le coût total pour la construction d’un sanctuaire en mer est estimé à 6 millions d’euros.
Christine Grandjean, C’est Assez!
« Il faut des définitions (…) pour que les parcs puissent se transformer en sanctuaire ou en refuge. Cela résoudrait le problème », a proposé Laëtitia Romeiro Dias, députée LReM de l’Essonne, lors des débats… Une prise de position qui soulève l’inquiétude des associations de protection animale, craignant que soient adoptés des critères insuffisamment exigeants pour garantir le bien-être des mammifères marins. « Pour nous, un sanctuaire prendrait la forme d’un lieu en mer où les anciens cétacés captifs bénéficieraient d’un lieu de retraite et où des soins leur seraient prodigués jusqu’à leur fin de vie, prône quant à elle Christine Grandjean. Ces individus (…) auraient la possibilité de nager en ligne droite sur de longues distances, plonger et apprendre à se nourrir de poissons vivants. »
Plusieurs projets de sanctuaires en Islande, en Italie ou encore en Grèce, remplissent ces critères indispensables à la santé physique et mentale de leurs futurs pensionnaires. « Il est important de réaliser que le coût total pour la construction d’un sanctuaire en mer est actuellement estimé à environ 6 millions d’euros, précise Christine Grandjean. Ce coût sera forcément inférieur à un projet »terrestre » nécessitant de grosses infrastructures néfastes pour l’environnement et très coûteuses (constructions de bassins en béton, installation et fonctionnement de systèmes de filtration, de traitement et de chauffage de l’eau …). » « A ce jour, nous n’avons pas initié d’agrandissement de nos structures, assure pour sa part une représentante de Planète Sauvage, jointe par 30millionsdamis.fr. Dans tous les cas, notre priorité restera d’assurer le bien-être des animaux où qu’ils soient. »
Les parlementaires sous la pression de l’opinion
« La seule vraie victoire serait que demain, les députés aient le courage de refuser les amendements rétrogrades proposés sous l’influence des delphinariums : il faut qu’ils interdisent la reproduction dans les parcs aquatiques, et enfin qu’ils définissent des sanctuaires avec des espaces en mer », insiste la responsable de C’est Assez!. Selon la 4ème vague du baromètre annuel « Les Français et le bien-être des animaux » mené par la Fondation 30 Millions d’Amis et l’Ifop (janvier 2021), 2 Français sur 3 (66 %, +2 pts vs 2019) exigent la fin des delphinariums. La Fondation 30 Millions d’Amis enjoint les parlementaires à se montrer à la hauteur des attentes fortes exprimées par nos concitoyens.
*Marineland d’Antibes (06), Parc Astérix à Plailly (60), Planète Sauvage à Port-Saint-Père (44) et Moorea Dolphin Center à Tahiti (987)
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