Publié le : 25/01/2021 – 20:41
Le président chinois Xi Jinping a mis en garde contre une « nouvelle guerre froide » et s’est posé en champion du multilatéralisme, à l’ouverture du Forum économique mondial, qui abandonne cette année les neiges de Davos au profit d’un format complètement virtuel.
À l’ouverture du Forum économique mondial de Davos, le président chinois, Xi Jinping a plaidé, lundi 25 janvier, en faveur d’une coordination accrue des politiques macroéconomiques et d’un renforcement du rôle de gouvernance économique du G20, en évoquant une reprise « assez agitée », après la crise du coronavirus.
Sans jamais nommer les États-Unis, Xi Jinping, dont le pays est la seule grande économie à avoir connu la croissance en 2020, s’est érigé en défenseur du multilatéralisme, comme il l’avait déjà fait face au même forum il y a quatre ans, juste avant l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.
Son successeur tout juste désigné, le démocrate Joe Biden, ne participe pas à ce rendez-vous annuel de l’élite politique et économique mondiale, se tenant habituellement dans la station de ski suisse de Davos.
L’administration Biden attendue au tournant
« Bâtir des clans ou déclencher une nouvelle guerre froide, rejeter, menacer ou intimider les autres (…), le bouleversement des chaînes d’approvisionnement ou des sanctions afin de provoquer l’isolement ne fera que pousser le monde dans la division et même la confrontation », a averti Xi Jinping.
Et ce alors que l’administration Biden est attendue au tournant sur sa politique face à la montée en puissance économique et technologique de la Chine. Donald Trump avait opté pour la confrontation ouverte et les attaques verbales – sans résultats tangibles sur l’énorme déficit commercial américain avec la Chine.
Si son successeur s’emploie à défaire une après une les mesures controversées de l’ère Trump, Joe Biden a néanmoins signalé que les États-Unis resteraient très attentifs à leurs intérêts. Il va signer un décret lundi pour inciter le gouvernement fédéral à acheter davantage de biens et services auprès d’entreprises américaines, au risque de crisper certains partenaires commerciaux.
Un accord controversé
De leur côté, les Européens avancent leurs pions. Le ministre allemand de l’Économie Peter Altmaier a défendu, lundi, lors d’une table-ronde l’accord de principe controversé conclu fin décembre entre l’Union européenne et la Chine, afin d’ouvrir le gigantesque marché chinois aux entreprises européennes, et vice-versa.
Cet accord ne fait que « répliquer de nombreuses dispositions que les États-Unis avaient déjà avec la Chine », a-t-il fait valoir. Le patron de Volkswagen, Herbert Diess, a rappelé que la Chine, où le constructeur possède plusieurs usines, représentait une « immense opportunité » pour les entreprises européennes.
Pourtant, l’accord est critiqué par des députés européens et des ONG qui estiment qu’il devrait être subordonné à la ratification par Pékin des conventions internationales interdisant le travail forcé.
Réagissant au discours du président chinois, Kenneth Roth, le directeur de l’ONG Human Rights Watch, a jeté un froid en estimant sur Twitter que Xi Jinping « promeut la coopération internationale sur le Covid-19 pour autant qu’elle n’implique pas qu’une enquête soit menée sur le fait que la transmission interhumaine du virus a été cachée pendant trois semaines, ce qui a conduit à sa dissémination à toute la planète ».
Speaking at the virtual Davos, Chinese President Xi Jinping promotes global collaboration on the Covid-19, so long as it doesn’t involve investigating his three-week cover-up of human-to-human transmission in Wuhan, which enabled the virus to go global. https://t.co/vySqTOotQh pic.twitter.com/TiR9zxk20d
— Kenneth Roth (@KenRoth) January 25, 2021
L’année de la reprise ?
Lors de l’édition 2020 du World Economic Forum (WEF), l’apparition en Chine d’une mystérieuse pneumonie ne suscitait encore qu’une vague inquiétude. Un an plus tard, le monde est toujours aux prises avec une pandémie qui a déjà tué plus de 2 millions de personnes, et fait perdre 225 millions d’emplois selon l’Organisation internationale du travail — ce, alors que les grandes fortunes mondiales n’y ont pas laissé une plume, a dénoncé l’ONG Oxfam.
L’optimisme qui a prévalu en novembre quand les vaccins sont devenus réalité n’est plus de mise, avec l’imposition de nouvelles restrictions, la progression de variants du coronavirus et des retards qui s’accumulent dans la livraison des précieux flacons.
Pourtant, la présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde a assuré que 2021 serait « l’année de la reprise ». Certes, elle sera sans doute « un peu retardée, mais elle ne devrait pas dérailler ».
Parmi les autres sujets abordés lors de cette première journée, la taxation des géants du numérique, priorité affichée de la France, qui a déjà mis en place une « taxe Gafa » à son échelle — provoquant une crise diplomatique avec les États-Unis.
Le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire s’est félicité du ton plus conciliant de la nouvelle administration Biden sur le sujet global de la taxation des entreprises, en espérant la conclusion d’un accord « d’ici la fin du printemps 2021 » dans le cadre de l’OCDE.
Avec AFP
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