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Après l’attentat de Bagdad, premières exécutions et des centaines en attente

Ce sont des exécutions qui confirment les craintes des défenseurs des droits humains après des gages donnés par la présidence pour des actes forts à la suite d’un attentat à Bagdad. Trois hommes condamnés pour « terrorisme » ont été pendus, lundi 25 janvier, en Irak.

Dimanche, un responsable de la présidence a affirmé que « plus de 340 ordres d’exécution pour des faits criminels ou de terrorisme » avaient été ratifiés mais pas mis en œuvre jusqu’alors, pouvant entraîner à tout moment des pendaisons.

Le lendemain, une source au sein des services de sécurité a fait savoir que trois Irakiens reconnus coupables de « terrorisme » avaient été pendus dans la prison de Nassiriya (sud), où sont envoyés tous les condamnés à mort du pays.

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Trois cent quarante exécutions depuis 2014

Pour procéder à une exécution, l’administration pénitentiaire doit obtenir un ordre ratifié par la présidence. Les quelque 340 documents signés l’ont été depuis 2014, soit pour la grande majorité lorsque Fouad Maassoum était au pouvoir, au pire de la percée de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), selon un autre responsable de la présidence.

Les ratifications ont « continué » sous le mandat (entamé en 2018) de Barham Saleh, connu pour être opposé à la peine de mort, a rapporté le premier responsable cité. Si l’Irak a procédé en 2019 à plus d’une exécution sur sept dans le monde – soit 100 condamnés pendus en un an –, il est coutumier des exécutions dans la foulée d’un attentat ayant choqué l’opinion.

L’ancien premier ministre Haider Al-Abadi a frappé fort en juin 2018 en faisant exécuter treize djihadistes et en publiant pour la première fois les photos des pendaisons, pour calmer les critiques contre son manque de fermeté après l’assassinat de huit civils par l’EI.

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« Outil politique »

Un attentat revendiqué par l’EI a fait 32 morts jeudi sur un marché très fréquenté de Bagdad, provoquant un choc au sein d’une population habituée à une relative tranquillité depuis la défaite militaire de l’EI en Irak à la fin de 2017. L’annonce de la présidence est donc, relève Belkis Wille de Human Rights Watch, une nouvelle preuve que « la peine de mort est un outil politique ».

« Les dirigeants usent de ce genre d’annonces pour dire aux gens qu’ils agissent pour eux, sans prendre en considération le fait que les procès sont viciés. »

Depuis l’attentat de jeudi, M. Saleh est accusé sur les réseaux sociaux de ne « pas appliquer les sentences » à l’endroit des prisonniers djihadistes. Une manifestation a été en outre annoncée pour mardi à Nassiriya, en vue de réclamer « la mort des djihadistes et la vengeance après les attentats ».

Pris entre une opinion publique réclamant vengeance et des appareils politique, sécuritaire et judiciaire incapables d’arrêter les attentats, « l’Irak se retrouve toujours avec des options limitées », explique Ali Bayati, membre de la commission gouvernementale des droits humains.

« La peine de mort est légale et nous n’avons pas de centre de déradicalisation, alors certains djihadistes transforment les prisons en centres de recrutement. »

Onze Français attendent leur exécution

Pour la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, il y a en Irak « de fréquentes violations des droits à un procès équitable, une représentation juridique inefficace, une trop grande confiance dans les aveux et de nombreuses accusations de torture et de mauvais traitements ». Donc l’application de la peine de mort y relève plutôt « de la privation arbitraire de la vie par l’Etat », a-t-elle réagi à la fin de 2020.

La communauté internationale a mené campagne en novembre après l’exécution de 21 condamnés, presque tous pour « terrorisme ». Aucune exécution n’a été signalée depuis, mais toutes ne sont pas annoncées officiellement.

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En 2020, l’Agence France-Presse a eu connaissance d’une trentaine d’exécutions. L’Irak est le quatrième pays qui exécute le plus derrière la Chine, l’Iran et l’Arabie saoudite, selon Amnesty International.

Depuis plusieurs années, les tribunaux irakiens ont ordonné des centaines de peines capitales et de condamnations à perpétuité car le code pénal prévoit une sentence jusqu’à la mort pour quiconque a rejoint « un groupe terroriste », que l’accusé ait combattu ou non dans ses rangs. Jusqu’ici, aucun des étrangers de l’EI condamnés à mort en Irak n’a été pendu mais onze Français et un Belge attendent actuellement leur exécution.

Le Monde avec AFP

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