Veronika Grimm, professeure à l’université de Nuremberg, est depuis mars 2020 membre du très influent SVR, le cercle de cinq experts qui conseillent le gouvernement sur les questions économiques.
Comment analysez-vous les bouleversements qui ont eu lieu en Allemagne en 2020 ?
En 2019, l’industrie allemande était déjà au milieu d’une transformation structurelle. Parallèlement, le débat sur le climat était en train de gagner en intensité, notamment grâce aux manifestations du vendredi pour le climat. Cela a débouché sur un changement de paradigme dans la politique climatique allemande. Puis, en 2020, la pandémie du Covid-19 a d’abord mis un frein aux développements très positifs en cours sur ce sujet, mais elle a aussi accéléré beaucoup de choses.
Au début, elle a révélé la fragilité de l’Union européenne [UE] : les frontières se sont fermées rapidement. Cela a ouvert les yeux à nombre d’Allemands, on a compris l’importance de la cohésion européenne. L’interruption des chaînes de sous-traitance a conduit à un effondrement spectaculaire de l’économie allemande au printemps. Aujourd’hui, parallèlement aux initiatives nationales, le plan de relance européen offre une vraie opportunité : en finançant des infrastructures d’avenir, nous avons la possibilité de développer des visions communes pour l’Europe. La protection du climat s’y prête bien.
Pourquoi le mot de « souveraineté » industrielle et technologique s’est-il imposé dans les discours ?
On a compris qu’il était important de renforcer l’UE et d’afficher une « souveraineté », entendue au sens de capacité d’action, dans le contexte géopolitique. Une industrie tournée vers l’avenir et compétitive au niveau international est essentielle pour relever les défis. La question est de savoir comment on positionne l’UE, avec ses intérêts et ses valeurs, dans les structures géopolitiques actuelles, où les alliances ne sont plus aussi claires que dans le passé. Même après l’élection de Joe Biden, il n’est pas certain que nous pourrons compter à long terme sur une alliance stable des pays industrialisés. L’attaque du Capitole, à Washington, le 6 janvier, l’a clairement montré. La coopération en matière de protection internationale du climat peut ouvrir de nouvelles voies de coopération avec les partenaires commerciaux. Il est important d’inclure les pays en développement et les pays émergents, par exemple en Afrique, dans toutes ces considérations. La croissance future ne doit pas reposer sur les combustibles fossiles, mais sur les énergies renouvelables. Pour cela, les technologies neutres sur le plan climatique doivent être disponibles en temps utile.
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