Publié le : 23/01/2021 – 09:19Modifié le : 23/01/2021 – 12:02
Un an après le confinement à Wuhan, la situation épidémique s’est grandement améliorée en Chine. Le pays maintient néanmoins des mesures sanitaires drastiques pour éviter une reprise, avec un système de contrôle aux frontières parmi les plus stricts au monde.
Le 23 janvier 2020, le gouvernement chinois imposait une quarantaine sur Wuhan, ainsi que plusieurs autres villes de la province de Hubei, dans le centre de la Chine, pour combattre la pandémie de coronavirus. Un an plus tard, les mesures drastiques imposées par les autorités ont porté leurs fruits : aucun cas de Covid-19 n’a été rapporté dans la province de Hubei depuis mai dernier, alors qu’à l’échelle nationale les autorités ont fait état d’un décès en huit mois.
Mais si la plupart des Chinois ont repris une vie normale, le pays reste sous cloche et les rares voyageurs autorisés sur le sol chinois doivent se soumettre à des procédures de contrôle drastiques.
Tourisme et voyages d’affaires « impossibles »
Le 26 mars 2020, alors que plusieurs nouveaux cas concernant des voyageurs étrangers ont été recensés en Chine, Pékin annonce la fermeture de ses frontières et la réduction drastique des vols internationaux. « La Chine a décidé de suspendre temporairement l’entrée des étrangers actuellement possesseurs de visas et permis de séjour en cours de validité », indiquait alors le ministère des Affaires étrangères.
Depuis, les autorités ont affirmé avoir rapatrié plus de 70 000 chinois. Mais pour les voyageurs étrangers, le pays reste largement inaccessible.
« Les voyages de tourisme sont aujourd’hui impossibles » explique-t-on à l’agence de voyage parisienne China Tourism Agency, contactée par France 24. « Nous avons interrompu toute notre activité depuis les annonces de mars, car les agences de voyages comme la notre ne peuvent plus obtenir de visas pour leurs clients auprès de l’ambassade ».
Hugues de Revel, directeur de France China foundation, qui organise des rencontres entre jeunes entrepreneurs, a dû lui aussi se faire une raison : « Dans le cadre de nos activités, il est essentiel d’organiser des rencontres directes donc nous avons essayé, mais nos demandes n’ont pas abouti. Tout est fait pour dissuader les voyages avec des démarches consulaires complexes. Même en prouvant le caractère impérieux de la mission ou que la personne est résidente en Chine, il n’y a aucune garantie et les voyageurs prennent le risque de devoir annuler à la dernière minute » déplore-t-il.
Des contraintes drastiques dont une équipe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait les frais. Négociée durant plusieurs mois avec le gouvernement chinois, l’enquête visant à déterminer les origines de la pandémie de Covid-19 a failli être annulée à la dernière minute, début janvier, pour des retards d’autorisation, suscitant le profond agacement de son directeur.
Quarantaines aux frais des voyageurs
Les rares voyageurs autorisés à accéder au territoire chinois doivent ensuite s’armer de patience. Car outre l’obligation du test PCR (de moins de 72 h au moment du vol), ils sont contraints d’observer une quarantaine stricte et individuelle, pour une période de 14 ou 21 jours selon les villes, dans un lieu désigné par les autorités locales. « Les frais afférents à cette quarantaine en lieu dédié sont à la charge des voyageurs », précise, sur son site, le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères. « Les hôtels pouvant imposer aux membres d’une même famille d’effectuer leur quarantaine dans plusieurs chambres, le coût d’une quarantaine de 14 jours pour plusieurs personnes peut être assez élevé ».
Autre problème, la réduction drastique des vols internationaux. La Chine n’autorise aux compagnies chinoises qu’un seul vol hebdomadaire vers un pays tiers. Une décision qui a entraîné des mesures de réciprocité de la part de nombreux pays, compliquant encore les voyages vers la Chine. « La gouvernement chinois a beaucoup communiqué sur le fait qu’il souhaitait maintenir les connections internationales malgré la pandémie. Mais c’est une décision cosmétique car les vols ont été tellement réduits qu’il est presque impossible de s’y rendre », analyse Antoine Bondaz, chercheur, spécialiste des relations entre l’Europe et l’Asie, contacté par France 24.
Des leçons pour l’Europe ?
Observée un temps d’un œil incrédule par les Occidentaux, les mesures de confinement imposées par la Chine ont fait leur chemin au sein de l’Union européenne.
Depuis le 18 janvier, la France exige des voyageurs arrivant d’un pays extérieur à l’UE de produire un test PCR négatif et d’observer une quarantaine de sept jours. Face à la menace de variants plus contagieux, l’Union européenne souhaite également renforcer les contrôles aux frontières de l’espace Schengen.
« Ces mesures de contrôle ne sont pas propres à la Chine. Taiwan ou bien encore la Corée du Sud ont eux aussi eu des démarches très proactives avec des confinements stricts au début de la crise », explique Antoine Bondaz. « Mais il est vrai que ces pays ont misé sur une approche sanitaire différente avec un objectif à zéro cas. L’Europe, elle, a préféré limiter l’épidémie pour éviter le débordement hospitalier. Aujourd’hui, au vu des résultats en Asie, il est certain que le regard a changé », conclut-il.
De son côté, Hugues de Revel ne cache pas son admiration : « Quand on entend nos partenaires en Chine expliquer qu’ils font des événements avec 300, 400 personnes… ça fait rêver c’est sûr ! La capacité de rebond économique chinoise est incroyable ; des entreprises françaises nous contactent aujourd’hui car elles veulent en profiter en s’implantant là-bas. »
Malgré une forte baisse due à la pandémie de Covid-19, la croissance économique de la Chine reste positive (+2,3 % de PIB sur l’année 2020, selon le gouvernement). Coté sanitaire, le pays campe sur une stratégie préventive drastique. Après la découverte de foyers épidémiques dans le nord ainsi que dans la région de Pékin, plusieurs milliers de Chinois ont été immédiatement reconfinés, en janvier, interdits de voyager à l’approche des fêtes du Nouvel an lunaire.
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