Un temps, on a pu penser qu’elle ne débuterait jamais : après des semaines de flottement et d’interrogations, une campagne de vaccination a bel et bien débuté le 17 janvier au Brésil, deuxième foyer mondial de la pandémie de Covid-19. Ce dimanche-là, au lieu de regarder les habituels rencontres de football, les Brésiliens ont les yeux rivés vers Brasilia et la très austère réunion de l’Autorité nationale de vigilance sanitaire (Anvisa), retransmise en direct à la télévision. Au terme de longs débats, celle-ci approuve finalement l’utilisation en urgence des vaccins chinois, CoronaVac, et britannique, Oxford/AstraZeneca.
La première injection de CoronaVac a lieu quelques minutes plus tard, à Sao Paulo. L’heureuse élue s’appelle Monica Calazans, infirmière noire de 54 ans, diabétique, souffrant d’hypertension, devenue instantanément le visage de la lutte contre le Covid-19 au Brésil. « N’ayez pas peur ! Voilà venue notre chance de sauver des vies », lance-t-elle alors, en larmes, ajoutant : « Allons tous nous vacciner ! » La cérémonie, très symbolique, s’est déroulée sous l’œil des caméras et en présence du gouverneur de Sao Paulo, Joao Doria.
Au Brésil, le CoronaVac est en effet produit par l’institut Butantan (l’équivalent de l’Institut Pasteur, placé sous la tutelle du gouvernement local), qui a noué un partenariat avec la firme pharmaceutique chinoise Sinovac. « Aujourd’hui, c’est le jour du V : le jour du vaccin, de la vérité, de la victoire et de la vie », a lancé, enthousiaste, M. Doria, saluant une bataille remportée contre les « négationnistes ».
Une claque sévère pour Bolsonaro
Premiers visés : Jair Bolsonaro et son gouvernement, incapables depuis des mois d’organiser tout plan crédible de vaccination ni d’assurer la fabrication et la distribution de vaccin. Le président d’extrême droite, « antivaccin » assumé, n’a pas eu de mots assez durs pour torpiller le CoronaVac, qui entraînerait selon lui « mort, invalidité et anomalie ». « Rien n’est prouvé scientifiquement avec ce vaccin. Rien n’a pu conclure que le vaccin était parfaitement efficace », a réaffirmé le président vendredi 22 janvier.
Pour le président, la cérémonie de Sao Paulo est donc une claque sévère. M. Bolsonaro voit en effet l’un de ses principaux adversaires à droite pour la présidentielle de 2022 se métamorphoser en « roi du vaccin », voire en « sauveur » du Brésil. Le CoronaVac était en effet jusqu’à ce vendredi le seul vaccin disponible dans le pays, 2 millions de doses du vaccin AstraZeneca (développé avec l’université d’Oxford) précommandées ayant été bloquées pendant plus d’une semaine sur leur site de production en Inde, officiellement pour des raisons de bureaucratie.
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