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Farahnaz Forotan, star de la télé afghane contrainte à l’exil

Par Ghazal Golshiri

Publié aujourd’hui à 02h25

Farahnaz Forotan, sur le plateau de son émission, « Kabul Debate », en Afghanistan, en septembre 2020.Farahnaz Forotan, sur le plateau de son émission, « Kabul Debate », en Afghanistan, en septembre 2020.

Avant le 9 novembre 2020, l’idée de se voir un jour obligée de quitter l’Afghanistan n’avait jamais effleurée Farahnaz Forotan. A 28 ans, cette jeune femme était une journaliste phare de la télévision afghane. Jusqu’à ce que son téléphone se mette à sonner.

« Il faisait un froid glacial à Kaboul ce jour-là lorsque j’ai reçu un appel du Comité de sécurité des journalistes afghans. Ils m’ont dit que, selon leurs informations, obtenues par des services de renseignement étrangers, je figurais sur la liste noire des talibans des gens à abattre et que je serais bientôt tuée. »

« Je sais que, dans certaines villes, des femmes ont été tuées parce qu’elles travaillaient. Personne, pas même la presse locale, n’en parle. La peur règne. » Farahnaz Forotan

Depuis plusieurs semaines, l’Afghanistan est de nouveau en proie à une spirale de violence. Journalistes, diplomates, acteurs… Les attaques ciblent des symboles de l’intelligentsia et des figures importantes de la société. Les talibans, forts de leur accord avec les Américains signé en février 2020 et aujour­d’hui en pourparlers avec le gouvernement de Kaboul en vue d’arriver à un cessez-le-feu, rejettent toute responsabilité dans ces attentats. Ce qui n’est pas l’avis d’une majorité du peuple afghan et de nombreux analystes et politiques afghans.

Le 2 novembre 2020, l’université de Kaboul a été prise d’assaut par des terroristes, faisant trente-deux victimes. Depuis, Farahnaz Forotan établit une comptabilité macabre : « L’ancien journaliste Yama Siawash a été tué le 7 novembre. Cinq jours plus tard, un autre journaliste, Elyas Dayee, était assassiné à Lashkar Gah [au sud du pays]. Je ne comprenais plus ce qui se passait, se souvient-elle, les yeux baissés. C’est comme si mon âme débordait et qu’elle n’avait plus la capacité de gérer les événements. Tout ce qui jadis m’avait rendue heureuse à Kaboul me faisait peur désormais. »

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Avec l’aide d’Amnesty International et de l’ambassade de France à Kaboul, la jeune femme obtient en urgence un visa pour Paris. Mais, depuis, elle vit toujours à l’heure de la capitale afghane. Collée à son ordinateur et à son téléphone portable, Farahnaz Forotan essaie de comprendre ce qui se passe dans son pays et de savoir quand elle pourra enfin y retourner.

Car, depuis son départ, la situation sécuritaire n’a cessé de se dégrader. En décembre, la journaliste Malalai Maiwand et le militant Yousuf Rasheed ont été assassinés. Et la liste continue : le 17 janvier 2021, ce fut le tour de deux femmes juges à la Cour suprême. « Je sais que, dans certaines villes, des femmes ont été tuées parce qu’elles travaillaient. Personne, pas même la presse locale, n’en parle. La peur règne », s’emporte Farahnaz Forotan.

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