Le 30 décembre 2020, le Congrès argentin légalisait l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Une décision historique dans un continent qui, dans sa majorité, interdit l’avortement. Les féministes latino-américaines espéraient que ce précédent favoriserait, dans leur pays, la lutte pour sa dépénalisation. C’est tout le contraire qui s’est passé, jeudi 21 janvier, au Honduras.
Le Parlement a voté jeudi soir, par une procédure accélérée, une réforme de la Constitution qui inscrit dans la loi organique l’interdiction totale de l’IVG et clôt toute possibilité de débat et de modification postérieure. Le vote de jeudi grave aussi dans la Constitution l’interdiction du mariage entre personnes du même sexe.
« La pratique de toute forme d’interruption de la vie à naître, dont il faut respecter la vie à tout moment, est considérée interdite et illégale, stipule désormais l’article 67. Les dispositions légales qui seraient créées après l’entrée en vigueur du présent article et qui établiraient le contraire seront nulles et non avenues. »
La Constitution interdisait déjà l’avortement et le mariage entre personnes du même sexe, mais une réforme était possible avec le vote des deux tiers des 128 parlementaires du Congrès unicaméral. Il faudra désormais les trois quarts des voix pour approuver des modifications.
« Un verrou constitutionnel »
Ce « bouclier contre l’avortement au Honduras » avait été présenté le 11 janvier par un député du Parti national au pouvoir, Mario Pérez. « La législation établit ce que nous appelons un verrou constitutionnel », s’est félicité M. Pérez lors de la séance parlementaire virtuelle jeudi. La réforme devra être ratifiée par au moins 86 parlementaires de la prochaine législature qui sera issue des élections prévues en novembre.
M. Pérez s’était justifié par sa volonté de stopper « la vague de réformes constitutionnelles dans des pays d’Amérique latine, encouragées par des gouvernements de gauche, destinées à légaliser l’avortement, comme cela a eu lieu en Argentine récemment ». « On ne peut pas le permettre au Honduras », avait-il ajouté.
Le Honduras fait partie depuis 1985 des six pays de la région, avec le Salvador, le Nicaragua, la République dominicaine, Haïti et le Suriname, à interdire totalement l’IVG, même si la grossesse fait courir un danger de mort à la femme enceinte. Dans la région, seuls Cuba, l’Uruguay, le Guyana, la ville de Mexico et l’Etat mexicain d’Oaxaca ont légalisé l’avortement.
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