Vers un rachat par Pyrex? Le tribunal de commerce d’Orléans a demandé à la maison mère de Pyrex, International Cookware, de revoir son offre pour la reprise de la célèbre verrerie Duralex, en redressement judiciaire depuis septembre 2020.
Les juges ont donné jusqu’à mardi au seul repreneur encore en lice pour détailler certains points, jugés insuffisants sur le plan financier. La décision, mise en délibéré, sera rendue le 28 janvier.
« La présentation (de Pyrex) était d’une grande qualité, aussi bien sur le plan industriel que commercial, cependant, l’offre n’est pas égale au niveau minimum attendu par le tribunal », a déclaré à l’issue de l’audience le président.
Les juges pointent notamment que l’offre intègre la reprise d’un contrat chez Axa, à hauteur d’un million d’euros, ce qui aboutit à un « prix d’acquisition négatif ».
« La marque Duralex n’est même pas valorisée à un euro », a-t-il ajouté.
Verres réputés incassables des cantines scolaires, objets design de la boutique du MoMA de New York, contenants à whisky pour 007 dans Skyfall: les créations Duralex n’ont pas attiré beaucoup d’investisseurs malgré leur notoriété.
Sur les trois projets initialement déposés, deux ont avorté dès vendredi, ouvrant la voie à International Cookware, seul en lice pour reprendre la verrerie de La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), symbole du « Made in France ».
Le premier projet, porté par l’un des principaux actionnaires, André Ioannidès, frère de l’actuel dirigeant Antoine Ioannidès, a été abandonné in extremis la veille. « Nous avons retiré notre offre tard hier soir car nous avons eu trop peu de temps pour rassembler les financements », a justifié son avocat Antoine Poulain.
L’autre offre, émanant d’un agent commercial indépendant, Pierre-Olivier Baron, n’a pas été défendue. Personne ne s’est présenté à l’audience.
La maison mère de Pyrex, contrôlée par le fonds d’investissement européen Kartesia, prévoit, elle, de reprendre l’intégralité des 248 salariés (moins deux cadres dirigeants).
Le groupe basé à Châteauroux promet en outre d’investir 21 millions d’euros sur quatre ans, a précisé son PDG José Luis Llacuna en marge de l’audience.
– « Marque émotionnelle » –
« Duralex est une marque émotionnelle. Nous nous y intéressons depuis deux ans. Des négociations avaient été entamées mais n’avaient pu aboutir. Nous avons dépensé beaucoup de temps et d’énergie pour examiner ce dossier », a réagi M. Llacuna.
« Si nous l’emportons, nous avons l’ambition de redonner à Duralex son leadership dans le monde et de développer un pôle mondial en nous appuyant sur les deux marques », a expliqué le dirigeant, qui entend notamment développer la vente en ligne.
Même si les syndicats regrettent l’absence de valorisation de la marque, cette offre est bien accueillie par les salariés. « L’avantage, c’est qu’elle est financée, qu’elle conserve quasiment tous les emplois et que les repreneurs prévoient des investissements », s’est félicité Pascal Colichet, secrétaire CGT du CSE de Duralex.
L’irruption d’un outsider de dernière minute, qui revendique avoir racheté la verrerie avant son redressement judiciaire, n’a pas rebattu les cartes. La juridiction consulaire a estimé que l’offre de La Compagnie française du verre était « hors délai et sans aucune garantie de financement ».
Duralex, en difficulté à la suite d’un incident lors du remplacement de son four en 2017, a vu sa situation se dégrader avec la crise sanitaire du Covid-19. Cette dernière a entraîné une baisse des exportations et le recul des ventes dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration.
Bien que tous deux spécialistes du verre trempé, Pyrex et Duralex n’utilisent pas les mêmes technologies, donnant à leur vaisselle des propriétés différentes. Ainsi le verre Duralex est résistant aux chocs, alors que celui de Pyrex supporte particulièrement bien les températures élevées, d’où sa spécialisation dans les plats à four.
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