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Dans sa conquête spatiale, « la Chine veut consolider ses capacités militaires »

« China Dream-Revolution, Revolution » (2016), de Liu Ren. « China Dream-Revolution, Revolution » (2016), de Liu Ren.

Marc Julienne, responsable du centre des études asiatiques à l’Institut français des relations internationales (IFRI), a publié, le 20 janvier, une recherche sur « les ambitions spatiales de la Chine ». Il répond à nos questions avec Isabelle Sourbès-Verger, directrice de recherche au CNRS, spécialiste d’une géographie de l’espace circumterrestre et des politiques spatiales.

La Chine est désormais une puissance spatiale majeure, autonome. Mais n’est-elle pas d’abord une puissance spatiale militaire ?

Marc Julienne : La plupart des puissances spatiales, dont la Chine, sont d’abord des puissances militaires car leurs programmes naissent souvent dans les forces armées et leurs applications sont à double usage. La Chine cherche à consolider ses capacités militaires. Pour cela, elle a créé, fin 2015, au sein de l’Armée populaire de libération (APL), la Force de soutien stratégique placée sous le commandement direct de la Commission militaire centrale (CMC) du Parti communiste. Elle est dotée d’un département des systèmes spatiaux, qui supervise l’essentiel des moyens : sites de lancement, contrôle des satellites et des stations de surveillance de l’espace en Chine et à l’étranger. Le programme de la station spatiale, par exemple, est dirigé par un général de la CMC. Dans l’organisation et la gestion des programmes spatiaux, la présence des militaires se renforce.

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Le programme chinois est à deux faces : l’une inclut la recherche scientifique et la coopération internationale, présentée par l’agence spatiale nationale ; l’autre, cachée, comprend des programmes militaires secrets et la gestion des systèmes spatiaux par l’armée.

Isabelle Sourbès-Verger : La notion de « spatial militaire » en Chine est compliquée à établir, car la totalité de l’activité spatiale, sous un contrôle étatique fort, doit satisfaire des intérêts nationaux très variés au-delà du militaire. Les satellites militaires, servant à l’APL pour les télécommunications, l’observation ou l’alerte avancée, sont moins nombreux que les satellites civils. Les satellites, dans cet immense pays en croissance, servent avant tout à l’aménagement du territoire, au développement des infrastructures, à la planification et au suivi de l’expansion urbaine, aux services de télécommunications, à la diffusion de la télévision et d’Internet.

Le fait que tous les lancements soient opérés par l’armée, qui fournit aussi le corps des taïkonautes, ne dit pas grand-chose des priorités de la politique spatiale. En revanche, on note que les satellites d’observation sont de plus en plus nombreux, et certains sont orientés vers la surveillance de Taïwan. Depuis 2015, le nombre de satellites d’écoute électronique (permettant de repérer de potentiels ordres de bataille adverses) et d’alerte précoce (destinés à repérer les tirs de missiles) est passé de six à une vingtaine. Les capacités spatiales consacrées au développement des forces armées croissent, tout en demeurant loin des moyens américains. D’où la question centrale de l’intégration civilo-militaire.

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