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Affaire du camion charnier : quatre responsables condamnés en Grande-Bretagne

L’inspecteur en chef de la police d’Essex, Daniel Stoten, s’adresse aux journalistes devant l’Old Bailey dans la City de Londres au sujet de l’affaire du camion charnier, le 22 janvier. L’inspecteur en chef de la police d’Essex, Daniel Stoten, s’adresse aux journalistes devant l’Old Bailey dans la City de Londres au sujet de l’affaire du camion charnier, le 22 janvier.

Quatre hommes ont été condamnés, vendredi 22 janvier à Londres, à des peines allant de treize à vingt-sept ans de prison pour la mort de 39 migrants vietnamiens retrouvés dans la remorque d’un camion en Angleterre en 2019. L’effroyable découverte avait jeté une lumière crue sur les filières d’immigration clandestine, qui prospèrent sur l’espoir de candidats à l’exil prêts à prendre tous les risques et à débourser des sommes faramineuses.

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Les deux principaux prévenus – Ronan Hughes, un transporteur routier nord-irlandais de 41 ans, et Gheorghe Nica, un ressortissant roumain de 43 ans – accusés d’être les organisateurs du trafic, ont été condamnés respectivement à vingt et vingt-sept ans de prison pour homicides involontaires et trafic de migrants. Le premier avait plaidé coupable ; le second l’avait été déclaré par la cour de l’Old Bailey à Londres le 21 décembre.

Maurice Robinson, le chauffeur qui conduisait le camion au moment de la découverte des corps, qui avait plaidé coupable, a quant à lui été condamné à treize ans et quatre mois d’emprisonnement. Eamon Harrisson, le chauffeur de 24 ans qui avait acheminé la remorque jusqu’au port belge de Zeebruges, affirmant qu’il ignorait la présence des migrants à son bord, s’est vu infliger dix-huit ans de prison.

Une entreprise « sophistiquée » et « rentable »

Le 23 octobre 2019, les corps de trente et un hommes et de huit femmes âgés de 15 à 44 ans avaient été découverts à bord d’une remorque dans la zone industrielle de Grays, à l’est de Londres. L’enquête a mis au jour une entreprise « sophistiquée » et « rentable » qui prospérait de longue date, a souligné le juge Nigel Sweeney, évoquant les tentatives désespérées des migrants de « joindre le monde extérieur au téléphone » ou de tenter d’échapper à la mort en essayant de briser le toit de la remorque. Les victimes sont mortes d’asphyxie et d’hyperthermie dans l’espace confiné du conteneur.

Parmi elles, Pham Thi Tra My, 26 ans, avait envoyé un SMS glaçant à ses proches, quelques heures avant la découverte des corps : « Maman, papa, je vous aime très fort. Je meurs, je ne peux plus respirer. » Dans un message diffusé à l’audience, un homme de 25 ans répétait à sa famille qu’il était « désolé » : « C’est Tuan. (…) Je ne vais pas pouvoir m’occuper de vous. (…) Je n’arrive pas à respirer. Je veux revenir dans ma famille. Je vous souhaite une bonne vie. »

Les migrants devaient débourser jusqu’à 13 000 livres sterling (14 000 euros) pour être acheminés en « VIP », c’est-à-dire avec un chauffeur au courant de leur présence. En tout, sept voyages ont été identifiés entre mai 2018 et le 23 octobre 2019. Trois autres hommes impliqués dans le réseau ont été condamnés vendredi à des peines allant de trois à sept ans de prison.

Sept condamnations au Vietnam

Les prévenus ont « tiré de l’argent de la misère », a souligné Daniel Stoten, responsable de la police de l’Essex, qui a mené l’enquête. « Ils savaient que c’était dangereux mais ils l’ont fait quand-même », a-t-il dénoncé. Ils ont transporté des migrants qui ont parcouru des « milliers de kilomètres vers la fausse promesse d’une nouvelle vie », « comme on ne transporterait pas des animaux ».

Nombre des victimes de ce drame étaient originaires d’une région pauvre du centre du Vietnam, où les familles s’endettent pour envoyer l’un des leurs au Royaume-Uni, via des filières clandestines, dans l’espoir qu’ils y trouvent des emplois rémunérateurs. Dans leurs témoignages lus à l’audience par le procureur, les familles des victimes avaient raconté la douleur du deuil et le rêve d’une vie meilleure qui s’évanouissait. « Ça va être très dur pour moi de gagner de l’argent et d’élever notre enfant toute seule », a déclaré Nguyen Thi Lam, qui a perdu son mari dans le drame et n’a pour seules ressources que la culture du riz et un peu d’élevage.

Avant le procès à Londres, sept personnes ont été condamnées le 15 septembre au Vietnam pour leur rôle dans le trafic, à des peines allant jusqu’à sept ans et demi de prison pour avoir participé à différents degrés à « l’organisation du trafic illicite de migrants ». Des enquêtes ont également été ouvertes en France et en Belgique. Treize suspects doivent rendre des comptes à la justice dans chacun de ces deux pays, après une vaste opération de police internationale.

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Le Monde avec AFP

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