Non, on ne rejouera pas à propos de l’Ukraine la grande fracture occidentale de 2003 sur l’invasion de l’Irak et ses prétendues armes de destruction massive. Il n’y aura pas de remake de la saga du « smoking gun », la fameuse preuve des turpitudes de Saddam Hussein que réclamaient en vain certains Européens aux Etats-Unis. En cette fin janvier 2022, après trois mois de tergiversations sur la nature de la menace russe à l’égard de l’Ukraine, le mot d’ordre est enfin clairement formulé parmi les alliés : unité !
Unité : le message a été répété dans toutes les langues après la réunion en vidéoconférence montée, lundi soir 24 janvier, par Washington pour rassembler les principaux dirigeants européens autour du président Joe Biden.
Le danger n’est pas passé loin. La semaine dernière encore, Paris s’étonnait qu’Américains et Britanniques ne lui communiquent pas les renseignements accréditant la thèse de l’imminence d’une invasion russe en Ukraine, « s’ils existent », et Berlin ne cachait pas ses divergences d’analyse avec Washington. A Londres, Boris Johnson, trop heureux de pouvoir mettre en œuvre la politique étrangère tonitruante promise par le Brexit et de s’extraire du feuilleton des fêtes interdites à Downing Street, rivalisait avec les Etats-Unis pour la place d’allié numéro un de l’Ukraine.
L’Elysée s’insurgeait contre les interprétations négatives, notamment dans la presse britannique, d’une phrase du discours du président Macron au Parlement européen sur le rôle des Européens et sur un possible dialogue avec la Russie. Le magazine Der Spiegel rapportait que le chancelier Olaf Scholz avait décliné une invitation de Joe Biden à lui rendre visite à Washington…
« Crise existentielle »
On ferme le ban. Cette semaine, le camp occidental serre les rangs. Le conseiller diplomatique de M. Macron, Emmanuel Bonne, a fait un aller-retour à Washington vendredi pour « échanger sur la situation sur le terrain » avec son homologue Jake Sullivan et, depuis, l’Elysée n’évoque plus que des « nuances » dans l’analyse. On s’y dit désormais « satisfaits du partage de l’information » avec les Américains : « il y a une coordination, c’est clair ».
Même si les Britanniques maintiennent des positions « très alarmistes », on fera ce qu’il faut pour rester « en phase ». Les dirigeants de l’Union européenne (UE), ainsi que le président polonais, ont été invités à participer à la réunion virtuelle avec Joe Biden : voilà, l’UE a sa place. Et le porte-parole du département d’Etat américain défie quiconque de déceler « une lueur » de divergence entre les alliés.
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