Alors que la Russie déploie des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne, les Etats-Unis travaillent à un scénario de guerre économique et laissent planer la menace de sanctions financières extrêmement puissantes à l’encontre de Moscou. Parmi les options sur la table, en figure une souvent qualifiée de « nucléaire », qui reviendrait à couper la Russie du réseau international Swift, rouage essentiel de la finance et du commerce internationaux.
Swift, société coopérative de droit belge créée au début des années 1970 pour remplacer le télex, fournit un service de messagerie à ses 11 000 adhérents, essentiellement des institutions financières, afin qu’elles puissent échanger des transactions financières entre elles (paiements entre leurs clients, transactions concernant des actions ou des obligations), de manière automatisée et sécurisée. Chaque jour, une quarantaine de millions de transactions passent par la messagerie, à travers plus de 200 pays.
Débrancher les institutions financières russes du réseau Swift pénaliserait donc très lourdement l’économie du pays. Les relations commerciales entre entreprises russes et sociétés occidentales, ainsi que les paiements transitant par des banques occidentales, s’en trouveraient profondément perturbées. Au lieu d’échanger par le canal automatique de Swift, les banques russes seraient obligées de repasser en mode manuel, par fax ou par e-mail, ce qui impliquerait des délais supplémentaires de traitement des transactions, des risques d’erreurs et de litiges ultérieurs. De quoi provoquer, mécaniquement, un coup de frein brutal sur les transactions internationales impliquant la Russie.
Secteur financier russe sain
En outre, l’exclusion de la Russie du système Swift pourrait s’accompagner, dans le cadre de mesures de sanctions plus larges centrées sur le secteur financier, d’une interdiction de réaliser certains types de transactions avec une série de banques russes.
De telles menaces ont déjà été mises à exécution, en particulier à l’égard de l’Iran, pour tenter de bloquer son programme nucléaire. En 2012, le réseau Swift a suspendu les institutions financières iraniennes sous sanction, à la demande du Conseil de l’UE, sous la pression des Etats-Unis. « L’Iran a été un bon laboratoire, car peu de pays ont été autant sanctionnés. Cet embargo financier s’est révélé très efficace pour isoler et affaiblir l’économie iranienne », indique Thierry Coville, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques et spécialiste de l’Iran.
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