Le redécollage après le plongeon: Airbus va embaucher au moins 6.000 personnes dans le monde en 2022 pour répondre à l’important besoin d’avions neufs après la pandémie de Covid-19 et préparer les technologies de l’avion vert.
Si le trafic aérien mondial, paralysé par la crise sanitaire, mettra encore de longs mois avant de retrouver son niveau de 2019, Airbus n’a pas attendu pour entamer une forte remontée en cadence de sa production: les compagnies aériennes vont devoir renouveler leurs flottes par des avions consommant moins de carburant, donc émettant moins de CO2, et les accroître pour faire face à la forte croissance attendue du trafic aérien à terme.
Pour accompagner cette remontée en cadence de la production des avions commerciaux, mais aussi répondre aux besoins en avions militaires, hélicoptères et satellites, « la société annonce son intention de commencer l’année 2022 avec un plan de recrutement d’environ 6.000 personnes dans le monde entier, dans l’ensemble du groupe », affirme Airbus dans un communiqué.
Dans l’immédiat, Airbus ne précise pas s’il s’agit d’embauches nettes, ni le nombre de recrutements par pays.
Le premier Airbus A220 de la compagnie Air France, présenté le 29 septembre dans la zone industrielle de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle (AFP – Eric PIERMONT)
« Après cette première vague, (…) le nombre de recrutements externes sera réévalué d’ici le milieu de l’année 2022 et nous ajusterons nos besoins en conséquence », ajoute le directeur des ressources humaines du groupe, Thierry Baril, cité dans le communiqué.
C’est une « très bonne nouvelle », a salué Françoise Vallin, coordinatrice du syndicat CFE-CGC au sein du groupe. « Après les plans sociaux, ces recrutements étaient nécessaires pour correspondre au pic de charge » attendu, a-t-elle expliqué à l’AFP.
Dès le début de la pandémie, Airbus avait réduit ses cadences de production et annoncé 15.000 suppressions de postes, dont 5.000 en France et 5.100 en Allemagne, principaux pays d’implantation de l’avionneur.
Le chiffre avait finalement été revu à la baisse à la faveur notamment des aides publiques comme les dispositifs de chômage partiel par les Etats. Au final, le nombre de salariés du groupe est passé de 135.000 fin 2019 à 126.000 au 30 septembre 2021, dernier chiffre disponible.
– Les sous-traitants dans le sillage –
Les 6.000 embauches prévues sont justifiées par les « forts signes de reprise dans l’industrie aérospatiale » après la pandémie et le besoin de « préparer l’avenir de l’aviation et de mettre en place la feuille de route pour la décarbonation » de l’aérien, selon Thierry Baril.
Le directeur des ressources humaines d’Airbus, Thierry Baril, lors de l’inauguration de l’Université de management du groupe, à Blagnac, près de Toulouse, le 19 septembre 2016 (AFP/Archives – PASCAL PAVANI)
Un quart des recrutements prévus concernera des « nouvelles compétences » liées à la décarbonation, la transformation numérique et la cybertechnologie.
Airbus étudie notamment le développement à l’horizon 2035 d’un avion à hydrogène, un concept qui implique de revoir de fond en comble toute l’architecture de l’appareil. Dans le domaine de la défense, il est l’un des principaux industriels chargés de développer le système de combat aérien futur (Scaf), voulu par Paris, Berlin et Madrid et qui fera largement appel à des technologies numériques qu’il reste à créer.
A plus court terme, pour répondre au succès de ses avions monocouloirs A320 et A321, Airbus doit fortement augmenter ses cadences.
Il compte dès l’été 2023 produire 65 avions de la famille A320 chaque mois, plus qu’il n’en a jamais construit, alors que leur production avait chuté à 40 appareils mensuels dès le début de la pandémie. Il envisage même de monter jusqu’à 75 appareils par mois en 2025.
Mastodonte de l’industrie aéronautique mondiale, il entraîne dans son sillage des centaines de sous-traitants. Sa nouvelle filiale Airbus Atlantic (13.000 salariés), qui regroupe les activités d’assemblage de structures d’avions, prévoit 700 embauches cette année.
Le motoriste et équipementier aéronautique Safran, qui profite également des remontées en cadence prévue chez l’américain Boeing, prévoit lui 12.000 embauches, dont 3.000 en France. La crise sanitaire l’avait conduit à supprimer 20.000 postes dans le monde.
Pour la France, le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), l’organisation professionnelle du secteur qui comptait 194.000 salariés fin 2020, estime les besoins pour 2022 à « une quinzaine de milliers d’embauches ».
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