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Biélorussie : plusieurs opposants condamnés à des peines allant jusqu’à dix-huit ans de prison

Des Biélorusses manifestent pour demander la libération des prisonniers politiques, dont Sergueï Tsikhanovski (sur la photo), en octobre 2020. – / AFP

Un tribunal biélorusse a condamné, mardi 14 décembre, plusieurs détracteurs du régime d’Alexandre Loukachenko – dont Sergueï Tsikhanovski, le mari de l’opposante Svetlana Tsikhanovskaïa – à de lourdes peines de prison. M. Tsikhanovski, vidéoblogueur de 43 ans, a été condamné à dix-huit ans de prison pour « organisations de troubles massifs », « incitation à la haine dans la société », « troubles à l’ordre public » et « obstruction à la Commission électorale ».

Une autre figure majeure de l’opposition, Mikola Statkevitch, 65 ans, un ancien candidat à la présidentielle de 2010 ayant déjà passé plusieurs années en prison, a quant à lui été condamné à quatorze ans de détention. Autres coaccusés, Artiom Sakov et Dmitri Popov, qui travaillaient pour M. Tsikhanovski, devront passer seize ans derrière les barreaux. Vladimir Tsyganovitch, youtubeur critique du pouvoir, et Igor Lossik, journaliste d’opposition de 29 ans, écopent chacun de quinze ans d’emprisonnement.

Contrainte à l’exil depuis l’été 2020 pour avoir inspiré une vague de contestation sans précédent dans son pays, Svetlana Tsikhanovskaïa, 39 ans, a immédiatement dénoncé ce verdict très lourd. « Mon mari, Sergueï Tsikhanovski, est condamné à dix-huit ans d’emprisonnement. Le dictateur [Alexandre Loukachenko] se venge publiquement de ses opposants les plus forts », a réagi sur Twitter Mme Tsikhanovskaïa. Puis elle a promis de continuer son combat. « Nous ne nous arrêterons pas », a-t-elle prévenu, relevant que « le monde entier regarde » la répression orchestrée en Biélorussie.

Accusations « imaginaires et motivées politiquement »

Quelques heures avant la sentence, elle avait publié une vidéo, assise devant un mur décoré de dessins d’enfants et d’un portrait de son époux. « Je vais continuer de défendre cet homme que j’aime et qui est devenu un chef pour des millions de Biélorusses », soulignait-elle, se disant prête « à l’impossible » pour accélérer le moment de leurs retrouvailles.

Sergueï Tsikhanovski était un youtubeur en vue pour ses vidéos éreintant Alexandre Loukachenko, qu’il traitait de « cafard » à écraser. Il a été arrêté en mai 2020 alors qu’il projetait de se présenter à l’élection présidentielle du mois d’août. Sa femme, Svetlana, sans expérience politique, l’avait remplacé au pied levé « par amour », mobilisant à la surprise générale des foules jamais vues contre Alexandre Loukachenko, une contestation que le régime biélorusse a réprimé à coups de matraques, de lourdes peines de prison et d’exils forcés.

M. Tsikhanovski et ses coaccusés étaient jugés depuis juin à huis clos. Quasiment aucune information n’a filtré sur ce procès. Les avocats de la défense ont été interdits de s’exprimer sous peine de perdre le droit d’exercer.

« J’estime que [ces accusations] sont imaginaires et motivées politiquement », avait déclaré M. Tsikhanovski dans une lettre à la fin de mai au média allemand Deutsche Welle. « J’ai refusé de participer à ce procès me visant », a déclaré Mikola Statkevitch dans un courrier envoyé à sa femme.

La Biélorussie compte 912 prisonniers politiques

En 2021, la justice biélorusse avait déjà condamné deux opposants d’envergure : l’ancien banquier et candidat à la présidentielle Viktor Babaryko et sa directrice de campagne, Maria Kolesnikova, qui ont écopé respectivement de quatorze et onze ans de prison. Parmi les figures de l’opposition de premier plan, M. Tsikhanovski a donc écopé de la peine la plus lourde.

Selon l’ONG Viasna, la Biélorussie compte actuellement 912 prisonniers politiques. Svetlana Tsikhanovskaïa, ancienne enseignante d’anglais, est devenue l’égérie des détracteurs de M. Loukachenko, contre qui elle a fait campagne lors de la présidentielle de 2020. Mais, peu après l’élection, le régime l’a forcée à l’exil et, depuis, elle sillonne le monde, reçue par les chefs d’Etat et de gouvernements occidentaux, pour accroître la pression sur le président biélorusse.

Pour dénoncer la répression, l’Union européenne (UE), les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux ont pris plusieurs séries de sanctions contre des personnalités et entreprises liées au régime, qui s’est rapproché en contrepartie de Moscou, son principal allié. Au début de décembre, les Occidentaux ont à nouveau sanctionné Minsk, accusé malgré ses dénégations d’avoir orchestré une crise migratoire à sa frontière avec la Pologne pour se venger et tenter de déstabiliser l’UE.

Le Monde avec AFP

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