Les forces internationales de maintien de la paix étaient déployées à Honiara, la capitale des îles Salomon. Des points de contrôle avaient été établis autour du Parlement, les rues du centre-ville avaient été bouclées. Manasseh Sogavare, le premier ministre salomonais, a pourtant confortablement repoussé la tentative de l’opposition de l’évincer, en obtenant trente-deux voix contre quinze, après une journée de débats houleux, lundi 6 décembre.
« Si je dois être destitué, ce doit être par la procédure légale, par les membres du Parlement, et non par des appels à la démission lancés par des agents de Taïwan », a déclaré le leader proche de Pékin lors d’un discours parlementaire enflammé de deux heures.
La Chine et Taïwan se disputent l’influence dans le Pacifique depuis des décennies, les deux parties utilisant l’aide au développement comme appât. L’opposition salomonaise avait présenté une motion visant à évincer M. Sogavare, l’accusant de corruption et d’utilisation de fonds chinois pour soutenir son gouvernement. Il a « volontairement compromis notre souveraineté pour son bénéfice politique personnel », a déclaré le chef de l’opposition, Matthew Wale, aux législateurs, alors que le débat sur la motion débutait.
Le premier ministre a refusé les demandes de démission émises par les manifestants, déclarant devant le Parlement que quitter son poste dans de telles circonstances reviendrait à se soumettre « aux diktats des hooligans et de l’anarchie ». « Nous ne pouvons pas accepter que la violence soit utilisée pour renverser un gouvernement démocratiquement élu », a-t-il déclaré.
Les querelles entre les élus au Parlement ont fait écho à la colère qui a récemment éclaté dans les rues et entraîné l’arrivée de centaines de forces internationales de maintien de la paix.
La Chine et Taïwan se disputent l’influence dans le Pacifique depuis des décennies, les deux parties utilisant l’aide au développement comme appât. INFOGRAPHIE « LE MONDE »
Trois jours d’émeutes en novembre
En novembre, une manifestation contre M. Sogavare a déclenché trois jours d’émeutes dans la capitale, au cours desquelles au moins trois personnes ont été tuées et le quartier chinois de la ville saccagé.
L’ordre avait été rétabli par les forces de maintien de la paix australiennes, fidjiennes, papouasiennes et néo-zélandaises, qui se sont réparties dans la capitale pour effectuer des patrouilles avec la police locale, débordée. La perspective de nouvelles violences a incité le consulat des Etats-Unis à Honiara à restreindre ses activités. Lundi, la Banque centrale des îles Salomon a évalué les dommages causés par les émeutes à 67 millions de dollars américains, précisant que 63 bâtiments de la capitale ont été brûlés et pillés.
La crise a été alimentée par la pauvreté, le chômage et les rivalités interîles dans cette nation de 700 000 habitants. Elle a été exacerbée par la décision de M. Sogavare de faire passer l’allégeance diplomatique des Salomon de Taïwan à la Chine, en 2019.
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