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Décharges sauvages : en Île-de-France, un collectif citoyen traque les pollueurs

Publié le : 26/10/2021 – 11:54

Alors que quelque 80 000 tonnes de déchets ont échoué dans la nature en France l’an dernier, un collectif citoyen se mobilise pour trouver des indices dans les décharges sauvages d’Île-de-France et faire condamner les pollueurs pour ces crimes environnementaux. En plus de représenter une catastrophe pour l’environnement et la biodiversité, ces dépotoirs à ciel ouvert participent au réchauffement climatique en produisant du méthane, un gaz à effet de serre.

En 2020, au moins 80 000 tonnes de déchets ont échoué dans la nature en France, selon le fonds mondial pour la nature (WWF). Pour lutter contre les crimes environnementaux et faire condamner les pollueurs, le collectif citoyen « La Brigade Écologiste » parcourt les décharges sauvages d’Île-de-France, à la recherche d’indices.

Ces dépotoirs illégaux ne sont pas seulement une catastrophe pour l’environnement et la biodiversité, ils participent également au réchauffement climatique.

Un trafic juteux

Difficile de se frayer un chemin dans un océan d’ordures. « On voit du plastique, là, dans la nature… Ce que ça va faire plus tard, on ne le sait pas », déplore Didier Delpeyrou, fondateur du collectif La Brigade Écologiste au micro de France 24. Consterné, celui-ci décrit les tonnes de déchets sous ses pieds. Amiante, tuyauteries ou encore peintures ont été déversés ici en toute illégalité, depuis plus d’un an et demi.

À moins de 20 km de Paris, à côté du bois de Bernouille, un espace naturel protégé, cette décharge sauvage s’étend sur plus de 16 hectares. Du gâchis pour Toufik Bouallaga, habitant vivant à proximité de la décharge et membre de La Brigade Écologiste. « Ça fait vraiment mal au cœur de savoir que ça aurait pu être un environnement pour les gosses, pour qu’on puisse se balader… Il y a la forêt, des arbres, c’est bien. Là franchement, c’est écœurant. »

Les pollueurs veulent éviter la mise en décharge, qu’ils facturent pourtant à leurs clients, car les tarifs varient de 12 à 115 euros la tonne pour des déchets industriels. Certains particuliers acceptent de prendre des déchets illégalement, pour 2 à 4 euros la tonne. Un trafic très juteux.

« C’est moins risqué que le grand banditisme, il y a un effet d’aubaine », explique Didier Delpeyrou. « Ça rapporte énormément d’argent », poursuit-il, évoquant jusqu’à « plusieurs dizaines de millions d’euros ».

Pollution dans l’air et sous terre

Cette catastrophe environnementale est aussi source de réchauffement climatique. Car la fermentation de ces déchets, produit du méthane, un gaz à effet de serre 25 fois supérieur à celui du CO2.

« On estime à peu près à 20 % des émissions de méthane française, les émissions des décharges, dans lesquelles finissent une partie de nos déchets », précise Alice Elfassi, responsable des Affaires juridiques à Zero Waste France. « Et l’autre partie de nos déchets finit majoritairement en incinérateur, qui va rejeter des fumées dans l’air et va contribuer à sa pollution. »

Mais la pollution a aussi lieu sous terre. Thierry Desforges, agriculteur à Leudeville, a commandé de la terre végétale, mais s’est fait escroquer. Son champ a été transformé illégalement en lieu de stockage de terres polluées.

« Je ne peux pas semer et donc je ne peux pas faire pousser des plantes », dit-il. « Si je ne peux pas faire pousser des plantes, je ne peux pas alimenter mon exploitation et je ne peux pas générer du chiffre d’affaires… », poursuit l’agriculteur. « C’est quand même ce qui me permet de vivre ! Moi, quand je viens voir le champ, ça me fait mal au cœur parce que c’est mon outil de travail. Moi, j’ai pas commandé ça, j’ai pas acheté ça ! »

En abandonnant des déchets ou en le faisant déposer en dehors des endroits autorisés, les pollueurs risquent jusqu’à 75 000 euros d’amende et deux ans de prison.

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