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Nathalie Loiseau : « La faiblesse de l’OTAN n’est pas une bonne nouvelle. Nous avons besoin d’un lien transatlantique fort »

Tribune. Personne n’a oublié qu’Emmanuel Macron a décrit, en 2019, une OTAN « en état de mort cérébrale ». A Bruxelles, on a glosé sur ce positionnement décidément si français, on a trouvé l’expression un peu vive, tout en reconnaissant que Donald Trump mettait l’Alliance atlantique à rude épreuve. Mais, surtout, on a tout fait pour mettre la poussière sous le tapis. Un « comité des sages » a rendu un rapport sur l’avenir de l’OTAN, qui s’est engagée dans la préparation d’un nouveau « concept stratégique ». Mais rien n’a fondamentalement changé au siège de l’Alliance atlantique, où l’on a poussé un soupir de soulagement lorsqu’à peine élu, Joe Biden déclarait : « America is back. »

Et pourtant… Les signaux faibles qui auraient dû alerter l’Alliance sont devenus des signaux de faiblesse et cela n’a rien d’une bonne nouvelle.

Que voit-on ? D’abord la Turquie, deuxième armée de l’OTAN, qui prend ses aises avec l’Alliance sans vraiment en payer le prix. Achat d’un système de défense antimissiles russe, tensions en Méditerranée orientale, refus d’inspection de l’OTAN sur le respect de l’embargo libyen, blocage des plans de défense polonais et baltes, assauts contre les milices kurdes qui soutiennent la coalition contre l’[organisation] Etat islamique… Depuis quelques mois, Ankara se fait moins bruyant, mais c’est peu dire qu’il a fallu du temps pour que les préoccupations légitimes des Européens soient entendues.

Triste bilan

Venons-en à l’Afghanistan. La première et la plus importante opération de l’OTAN en dehors de son périmètre, la première et la seule fois où l’article 5 de la charte [qui oblige à se porter au secours d’un membre attaqué] a été invoqué, pour venir en aide aux Etats-Unis après le 11-Septembre. Et, aujourd’hui, le plus gros échec de l’Alliance, qui peine pourtant à le reconnaître. Les talibans ont gagné, le risque terroriste est redevenu réel : triste bilan pour une alliance.

Au sein même de l’OTAN, le retrait américain s’est fait sans consultation ni considération des alliés. Lorsque Britanniques, Allemands et Français ont plaidé auprès des Américains pour une extension de la date limite de leur retrait militaire, ont-ils été entendus ? Non. Cette conversation s’est-elle tenue à l’OTAN ? Nullement. Il a fallu un G7 extraordinaire pour qu’elle ait lieu. L’OTAN a-t-il débattu de sa stratégie de sortie ? Les ministres de la défense de l’Alliance se sont-ils seulement réunis pour coordonner le retrait ? A aucun moment. C’était l’été, nous dit-on. Vous avez dit mort cérébrale ?

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