Publié le : 28/08/2021 – 09:46
Le chef de l’État français doit participer, samedi, à la conférence régionale qui s’ouvre à Bagdad. Le sort de l’Afghanistan devrait être au centre des préoccupations après l’arrivée des Taliban au pouvoir et le retour sur le devant de la scène de l’organisation État islamique.
Le sort de l’Afghanistan au centre des préoccupations. L’arrivée des Taliban au pouvoir en Afghanistan et le retour sur le devant de la scène du groupe État islamique après un attentat sanglant à Kaboul seront l’objet de toutes les attentions à la conférence régionale qui s’ouvre samedi 28 août à Bagdad.
Avec cette conférence régionale, l’Irak entend « désamorcer » les tensions entre l’Iran et l’Arabie saoudite, selon un conseiller du Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi.
Sont notamment attendus le président français Emmanuel Macron, les ministres iranien et saoudien des Affaires étrangères, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le roi de Jordanie, Abdallah II. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a été invité, mais sa présence n’est pas confirmée.
L’Irak, « pays essentiel à la stabilité du Moyen-Orient »
Les discussions devraient déborder du cadre du Moyen-Orient, après la prise du pouvoir par les Taliban en Afghanistan et l’attentat jeudi à l’aéroport de Kaboul mené par une branche du groupe État islamique, qui a fait des dizaines de morts dont 13 soldats américains.
Emmanuel Macron veut pour sa part montrer que la France conserve un rôle dans la région, poursuit la lutte contre le terrorisme et soutient les efforts de médiation de l’Irak, « pays pivot, essentiel à la stabilité du Moyen-Orient », explique l’Élysée.
Le président français se rendra dimanche au Kurdistan irakien, où il entend saluer la lutte des Kurdes contre le groupe État islamique, puis à Mossoul, symbole de la victoire contre le groupe radical, qui l’a occupée de 2014 à 2017.
La situation en Irak est cependant différente de celle en Afghanistan. L’armée se battait il y a quatre ans encore avec la coalition internationale contre l’organisation État islamique, avant de déclarer « victoire » fin 2017.
Quatre ans plus tard, des cellules jihadistes continuent de mener ponctuellement des attaques. Le dernier attentat suicide d’envergure revendiqué par le groupe État islamique a fait plus de 30 morts à Bagdad en juillet.
Le groupe jihadiste « dispose toujours de dizaines de millions de dollars et il va sans doute continuer à rétablir ses réseaux en Irak et en Syrie », note Colin Clarke, directeur de recherche du Soufan Center, un think tank de géopolitique basé à New York.
Il est « l’ennemi juré » des Taliban, explique Rasha al-Aqeedi, chercheuse au Newlines Institute aux États-Unis, mais leur « victoire » en Afghanistan pourrait « galvaniser » l’organisation terroriste, la poussant à « montrer qu’elle est toujours bien présente » en Irak.
Encore 2 500 militaires américains en Irak
Quelque 2 500 soldats américains sont toujours déployés en Irak. Ils se cantonneront officiellement à un rôle de « conseillers » des forces de sécurité irakiennes dès 2022. Et pour Rasha al-Aqeedi, si le niveau de l’armée irakienne « n’est pas idéal », « les Américains pensent que cela suffit pour qu’ils puissent à terme quitter l’Irak sans craindre que le pays ne revive ce qu’il s’est passé en 2014 », lors de la débandade des soldats irakiens face aux jihadistes.
Ensuite, l’Irak compte de nombreuses et très controversées factions paramilitaires pro-Iran regroupées au sein du Hachd al-Chaabi, une organisation créée pour épauler l’armée dans sa lutte contre le groupe État islamique. Depuis, le Hachd al-Chaabi a été intégré à l’État, mais ses détracteurs l’accusent de ne répondre qu’à Téhéran et d’assassiner et d’enlever des militants antipouvoir.
Les relations de l’Irak avec son grand voisin iranien devraient également être évoquées lors de la conférence de samedi, autant que les tensions entre Téhéran et Riyad.
Bagdad a déjà accueilli ces derniers mois des rencontres à huis clos entre représentants des deux puissances régionales. À présent, l’objectif pour l’Irak est de passer du statut de « messager » à celui de « meneur », relève le chercheur Renad Mansour de Chatham House.
Avec AFP
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