« Nos vies valent moins qu’un dollar ? », interroge la pancarte. « Ce n’est plus une question de gauche ou de droite, c’est une question de respect de la vie humaine », lance Nadia, la cinquantaine, venue défiler, samedi 3 juillet, avec sa fille de 20 ans à Rio de Janeiro. Elle fait référence aux accusations de pots-de-vin sur l’achat de vaccins contre le Covid-19 qui ont éclaboussé le gouvernement fin juin, alors que le Brésil a dépassé la barre des 520 000 victimes de la crise sanitaire.
Plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé le même jour à travers les grandes villes du pays contre le président Jair Bolsonaro et sa gestion de la pandémie. C’est la troisième manifestation nationale depuis la fin du mois de mai, et l’image du chef de l’Etat, qui se présentait comme le champion de l’anticorruption, n’a jamais été aussi fragilisée. Selon un sondage Exame-Ideia, 59 % de ses compatriotes estiment que son gouvernement est mauvais.
Après la commission d’enquête du Sénat (CPI), qui auditionne depuis deux mois sur la façon dont le gouvernement a géré la crise sanitaire, et après le dépôt, mercredi 30 juin, d’une « super demande de destitution » devant la Chambre des députés, Jair Bolsonaro fait désormais l’objet d’une enquête préliminaire ; il est soupçonné d’avoir omis de signaler une tentative de corruption dans l’achat de vaccins.
Une manifestante tient un panneau dénonçant un « génocide », lors d’une marche contre le président Jair Bolsonaro, à Sao Paulo (Brésil), le 3 juillet 2021. ROOSEVELT CASSIO / REUTERS
Le chef de l’Etat est accusé de « prévarication », soit de manquement à ses devoirs. « Il a commis ce crime en omettant de prévenir la police fédérale, c’est un fait », a déclaré le président de la CPI, le sénateur Omar Aziz, du Parti social démocratique (PSD, centre), dans une interview au journal O Globo. Ce dernier a ajouté que Jair Bolsonaro « doit faire une crise d’urticaire quand on montre que son gouvernement est aussi corrompu. Et nous avons de forts indices en ce sens ».
« Fora Bolsonaro ! »
Les récentes révélations s’ajoutent à une série de scandales autour de l’attitude du gouvernement Bolsonaro face à l’achat de vaccins. Les couacs dans les négociations, notamment avec Pfizer et Sinovac (vaccin CoronaVac), ont retardé de plusieurs semaines la campagne de vaccination des Brésiliens.
Un homme est déguisé en vaccin brésilien, lors d’une manifestation contre le président Jair Bolsonaro, à Sao Paulo (Brésil), le 3 juillet 2021. MIGUEL SCHINCARIOL / AFP
« Etre contaminé est plus efficace que le vaccin », répétait encore récemment le président coronasceptique, longtemps hostile à la vaccination. Début juillet, malgré une accélération de la vaccination, seulement 16 % de la population (27 millions de Brésiliens) avaient reçu deux doses.
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