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En Espagne, la hausse des prix nourrit une vague de conflits sociaux

Des ouvriers de la métallurgie en grève, à Puerto Real, près de Cadix (sud de l’Espagne), le 24 novembre 2021. JON NAZCA / REUTERS

Après avoir obtenu « 90 % de leurs revendications », selon le syndicat des Commissions ouvrières (CCOO), les lamaneurs (personnes chargées des opérations d’amarrage) du port de Barcelone ont mis fin à une semaine de grève, lundi 24 janvier. Outre une augmentation des effectifs, le patronat leur a accordé une hausse de 6,7 % de leur salaire. Autant que l’inflation record enregistrée en Espagne en décembre 2021.

« Une fois de plus, la lutte des travailleurs a porté ses fruits », a conclu le syndicat dans un communiqué, espérant que « cet accord pourra servir d’exemple ». Dans un pays d’ordinaire peu secoué par les conflits sociaux, les grèves ou menaces de débrayage se multiplient ces derniers mois, en écho à un niveau d’inflation jamais vu en trente ans.

Les travailleurs des entreprises de la métallurgie de la province de Cadix, en Andalousie (Sud) – qui emploient près de 29 000 personnes indispensables au fonctionnement des grands groupes industriels implantés localement, comme Airbus, Navantia et Acerinox –, avaient ouvert le bal des protestations, le 9 novembre 2021. Leurs manifestations musclées à l’entrée des chantiers navals, accompagnées de barricades et de coupures des routes, et émaillées d’affrontements avec les forces de l’ordre, ont fait les gros titres pendant plus de dix jours.

« Rénovation des conventions collectives paralysée »

Après cinq réunions et cinquante-deux heures de négociations, un accord a finalement été trouvé, le 25 novembre : une hausse rétroactive de 2 % des salaires sur l’année 2021, qui sera suivie de hausses similaires en 2022 et 2023, avant de récupérer, en 2024, 80 % de la différence entre l’inflation enregistrée sur la période et la hausse des salaires conquise. Les syndicats minoritaires ont critiqué ces « miettes », au vu du niveau de l’inflation d’alors.

Si, en novembre, celle-ci s’élevait à 5,5 %, en décembre, elle a bondi à 6,7 %. Les prix des aliments ont crû à eux seuls de 5 %. Pour en atténuer l’impact, le gouvernement de gauche a augmenté de 2,5 % les pensions de retraite, de 3 % le revenu minimum vital et de 2 % le salaire des fonctionnaires. « Il faut éviter des hausses salariales qui transforment l’inflation en inflation structurelle », a prévenu dans le même temps la ministre de l’économie, Nadia Calviño.

Les huit millions de travailleurs espagnols régis par les 2 886 conventions collectives enregistrées en 2021 n’ont vu leur salaire progresser en moyenne que de 1,47 %, la revalorisation la plus basse depuis quatre ans, rappellent les syndicats. « Durant la pandémie [de Covid-19], la rénovation des conventions collectives a été paralysée, explique Raul Olmos, responsable d’action syndicale et emploi des CCOO. Or la reprise des négociations s’accompagne d’une inflation effrénée qui casse le pouvoir d’achat des travailleurs. La conflictualité va sans doute aller crescendo », prédit-il.

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