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Corruption: pourquoi la France peut vraiment mieux faire

Peut encore largement mieux faire. En matière de corruption, la note attribuée à la France fait du surplace. Sur les dix dernières années, l’Hexagone fait ainsi office d’élève moyen en stagnant à la 22e place avec une note de 71/100, selon le dernier rapport de Transparency International publié ce mardi 25 janvier. Depuis 1995, l’ONG réalise un classement des perceptions de la corruption à travers le monde. “Il faut bien insister sur la notion de perception, appuie Patrick Lefas, président de Transparency International France. Ce classement n’a pas la prétention de donner l’indice de corruption des pays.” 

Pourquoi un score si médiocre? “Ce sont les affaires Bygmalion, Fillon ou encore Cahuzac qui pénalisent la France, explique le président de Transparency de l’ONG. Pourtant, devenir premier de ce classement devrait devenir un objectif politique, il n’y a aucune raison que la France soit derrière le Luxembourg ou l’Allemagne.” 

La France n’est pas restée totalement immobile sur la lutte contre la corruption ces dernières années. “Sous François Hollande, de nombreux outils ont été mis en place comme le Parquet national financier ou l’autorité contre la corruption”, reconnaît Patrick Lefas. Mais ces efforts sont ternis par des reculs, dans un système de “flux et de reflux”. Dès qu’un pas en avant est effectué, deux pas en arrière le suivent. Patrick Lefas prend comme exemple la fin de la doctrine selon laquelle un ministre mis en examen démissionne. “Durant le quinquennat d’Emmanuel Macron, on peut se féliciter de la création d’un mécanisme de restitution des ‘biens mal acquis’, mais en même temps, Eric-Dupond Moretti est mis en examen et Alain Griset a été défendu jusqu’à sa condamnation”, grince le président de Transparency International France. 

 

“La corruption doit être un sujet fort de la campagne présidentielle”

Pour Patrick Lefas, la lutte contre la corruption doit être prise plus au sérieux. “Les autorités judiciaires et policières manquent cruellement de moyens.” Le PNF ne compte que 18 magistrats, 7 assistants spécialisés, 13 greffiers et 3 adjoints techniques pour traiter 600 affaires par an. En cette période de campagne présidentielle, l’ONG espère peser dans les débats. “Pour l’instant, aucun candidat ne mentionne la lutte contre la corruption dans son programme.” Pourtant, ce sujet est un enjeu majeur, qui pourrait réconcilier le peuple avec les acteurs politiques. Pour ce faire, le président de l’ONG préconise d’inscrire dans les programmes scolaires dès le collège un enseignement de l’éthique, et de renforcer la prévention et la répression de la corruption, et notamment d’encadrer davantage les liens d’intérêts. 

Ce combat a aussi une résonance européenne. “27 pays ont atteint leur plus bas scores cette année, parmi eux, six font partie de l’Union européenne”, indique Patrick Lefas. Le directeur de l’ONG espère que la présidence française sera celle qui adoptera le “paquet anti-blanchiment.” Cet ensemble législatif déposé à la Commission européenne le 20 juillet 2021 propose de nombreuses lois pour lutter contre la corruption et le blanchiment, dont la création d’une nouvelle autorité de l’UE dédiée à la répression de ces crimes financiers. 

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