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Course contre la montre à Bruxelles pour régler le conflit des droits de pêche

L’UE tentait vendredi de conclure dans la journée les discussions avec Londres sur le conflit des droits de pêche post-Brexit, face à des Britanniques campés sur leurs positions en dépit de menaces de Paris d’aller au contentieux en cas de nouvel échec.

« La Commission et le Royaume-Uni se sont mutuellement engagés à faire aboutir leurs pourparlers pour une conclusion réussie aujourd’hui (…) Nous avons une compréhension mutuelle, il faut maintenant y arriver », a déclaré à la presse une porte-parole de l’exécutif européen, Vivian Loonela.

« C’est une procédure technique fondée sur des éléments tangibles, et non pas des dates-butoirs. Les discussions intenses des derniers jours ont été constructives mais n’ont pas encore abouti », a tempéré un porte-parole du gouvernement britannique auprès de l’AFP.

En vertu de l’accord signé fin 2020 entre Londres et Bruxelles, les pêcheurs européens peuvent continuer à travailler dans les eaux britanniques à condition de pouvoir prouver qu’ils y pêchaient auparavant. Mais depuis plus de onze mois, Français et Britanniques se disputent sur la nature et l’ampleur des justificatifs à fournir.

Hors Méditerranée, environ un quart des prises françaises en volume (environ 20% en valeur) proviennent des eaux britanniques, très poissonneuses et qui sont à l’origine de 650 millions d’euros de ventes annuelles pour les pêcheurs de l’UE.

Sous la pression de Paris, la Commission a demandé fin novembre à Londres de régler le litige des licences de pêches avant ce vendredi 10 décembre. Jeudi soir, le Royaume-Uni a sèchement rejeté cette échéance, tandis que Paris réclame un arbitrage européen.

« La Commission nous a transmis de nouveaux éléments hier et ce matin, et nous les examinons avec Jersey: c’est une bonne chose, mais nos décisions resteront guidées par la qualité de ces éléments », a observé le porte-parole britannique.

Si Londres « campe sur sa position, nous demanderons à la Commission européenne, dans le week-end, d’annoncer qu’un contentieux est engagé », a confirmé vendredi le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune.

« Il n’y aura pas, je le dis très clairement, toutes les licences auxquelles nous avons droit d’ici ce soir », a-t-il regretté. Mais « si les Britanniques aujourd’hui disent +on donne quelques dizaines de licences supplémentaires+ comme geste de bonne volonté (…) , nous en tiendrons compte », a-t-il expliqué.

– « Aucune visibilité » –

La France a obtenu 1.004 licences de pêche post-Brexit et en « attend encore 104 », selon le ministère français de la Mer.

Tout en saluant le travail constructif mené avec l’île anglo-normande de Guernesey, qui a délivré début décembre une quarantaine de licences, la ministre française de la Mer Annick Girardin a regretté jeudi la délivrance d’autorisations au compte-goutte par Jersey et déploré les « manœuvres dilatoires » du Royaume-Uni.

La ministre française de la Mer Annick Girardin sur le perron de l’Elysée à Paris, le 1er décembre 2021 (AFP/Archives – Bertrand GUAY)

Sur les côtes françaises de la Manche, les pêcheurs sont à bout de patience. Ils ont répété avoir fourni « tous les documents exigés » pour prouver qu’ils pêchaient dans les eaux britanniques auparavant, dans les périodes de référence exigées par Londres et les îles anglo-normandes.

C’est dans la zone située entre 6 et 12 milles au large des côtes britanniques que manque désormais le plus grand nombre de licences françaises. Les discussions achoppent en particulier sur le sort de 40 navires remplaçants – de nouveaux bateaux achetés par les pêcheurs en renouvellement de leur flotte -, des dossiers dont Londres refuse de considérer l’antériorité.

« On n’a aucune visibilité, tempête Loïc Escoffier, armateur malouin (de Saint-Malo) qui a trois bateaux, voudrait en remplacer un et en passer un autre en « propulsion hydrogène ou hybride pour la transition écologique ». « Un bateau prêt à naviguer, c’est 1,5 million d’euros, il faut être sûr de soi », a-t-il expliqué à l’AFP.

Dans ce dossier de la pêche, le ton est déjà monté à plusieurs reprises: un blocus de Jersey par les pêcheurs français en mai dernier; des menaces françaises de sanctions en octobre; et plus récemment, le blocage par les pêcheurs français de ports et du terminal fret du tunnel sous la Manche, par lequel transitent 25% des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’Europe.

Au-delà de la question des licences, celle des modalités de pêche et des quotas s’annonce aussi très dure. « Si la France temporise pour des raisons politiques ou diplomatiques », a prévenu Bruno Dachicourt, du syndicat national des marins-pêcheurs CFTC, les pêcheurs n’excluent pas « de nouvelles actions ».

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