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Le nouveau train chinois place le Laos sur la carte des échanges

Sur cette photo publiée par l’agence de presse Xinhua, vue aérienne de la gare de Ganlanba, l’une des gares se situant le long de la nouvelle voie ferrée reliant la Chine au Laos, le 28 septembre 2021, dans la province du Yunnan (sud-ouest de la Chine). HU CHAO / AP

Cinq ans après le lancement du chantier, le Laos inaugure sa première grande ligne de chemin de fer vendredi 3 décembre. Construite et financée par la Chine, elle va relier en un peu moins de trois heures, la capitale, Vientiane, à Boten, à la frontière chinoise et, au-delà, au réseau de train chinois à grande vitesse jusqu’à Kunming, dans le sud-ouest du pays. Aux couleurs du Laos, rouge, bleu et blanc, le train parcourt 420 kilomètres à des vitesses allant jusqu’à 160 kilomètres par heure, à travers une dizaine de gares en activité.

Depuis 2009, seule une voie de 3,5 kilomètres reliait Nong Khai, côté thaïlandais, à une petite gare à 20 kilomètres de Vientiane. L’inauguration du train, prévue vendredi après-midi par les dirigeants du petit pays communiste de 7,2 millions d’habitants, devrait s’accompagner d’un entretien en visioconférence entre le premier ministre, Phankham Viphavanh, et le président chinois, Xi Jinping. Covid-19 oblige, seules des marchandises seront transportées entre les deux pays.

Pour la Chine, c’est le premier tronçon des trois couloirs ferroviaires envisagés de longue date de Kunming à Singapour, et étiquetés depuis 2013 « nouvelles routes de la soie », l’initiative phare du numéro un chinois, à être réalisé. Les deux autres, via la Birmanie, à l’ouest, et le Vietnam, à l’est, sont encore à l’état de plan. Pour le Laos, c’est une révolution : « Le Laos a toujours été enclavé, et la Thaïlande est historiquement sa seule route commerciale vers le reste du monde. Les Français avaient tenté de construire des voies vers l’est [le Vietnam], puis les Soviétiques, mais ça n’a jamais marché », estimait le 2 décembre lors d’une table ronde à Bangkok l’économiste laotien Souknilanh Keola, chercheur de l’institut des économies en développement de la Japan External Trade Organization. « Le Laos devait passer par un port thaïlandais pour envoyer des conteneurs en Chine ou au Japon, à l’opposé géographiquement. » Ce tournant en matière de débouché commercial se fait toutefois à un « coût extrêmement élevé en regard de la taille du Laos », précise-t-il.

« Un cas unique »

Et pour cause : le « train du gouvernement », comme l’appellent les Laotiens, a coûté 6 milliards de dollars (5,3 milliards d’euros), dont 60 % sont financés par un prêt de l’Exim Bank chinoise. Les 40 % restants sont à la charge de la coentreprise Laos-China Railway Company, détenue par des entreprises d’Etat chinoises, à 70 %, et le Laos. Des 30 % du Laos, seuls 250 millions de dollars proviennent du budget de l’Etat, les 450 millions restant étant financé par un autre prêt de l’Exim Bank. Le service de la dette pour le Laos est estimé à 1,16 milliard de dollars par an de 2022 à 2025, dont la moitié pour la Chine selon Fitch Ratings – pour un PIB de 20 milliards de dollars. « Les bénéficiaires des plus gros projets chinois sont des pays comme la Russie, le Brésil, l’Angola… Au milieu d’eux, le Laos est un peu un cas unique », signalait le 2 décembre Pon Souvannaseng, spécialiste des financements internationaux à l’université Bentley, aux Etats-Unis.

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