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A Doha, les talibans en quête de dialogue avec les Occidentaux

Le ministre taliban des affaires étrangères,  Amir Khan Muttaqi (deuxième à gauche), le 12 août 2021, à Doha, au Qatar. KARIM JAAFAR / AFP

L’avenir de l’Afghanistan continue de s’écrire, en partie, à Doha, au Qatar. Une délégation du gouvernement taliban a débuté, samedi 27 novembre, une série de rencontres avec des représentants de pays occidentaux pour tenter d’ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire des relations de l’Afghanistan avec le monde. Dans le secret de ces entretiens organisés avec les Etats-Unis et l’Europe, c’est une guerre d’influence qui s’est engagée entre chacune des parties. Car si tous les protagonistes s’accordent sur la nécessité d’établir des canaux de communication viables, les buts poursuivis diffèrent selon les pays. Des divisions qui pourraient faire le jeu des talibans.

Les discussions ont commencé avec l’envoyé spécial de l’Union européenne (UE) pour l’Afghanistan, Tomas Niklasson, qui s’est entretenu durant deux jours avec le ministre des affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi. L’UE s’est félicitée de l’engagement des talibans à respecter leur promesse d’« amnistie » à tous ceux qui ont servi l’ancien régime, et de laisser partir du pays ceux qui le souhaitaient. Mais Bruxelles les a exhortés à mettre en place un « gouvernement inclusif », ouvert à d’autres sensibilités politiques, et à encourager la démocratie et l’égalité d’accès des filles à la scolarité.

Ce n’est qu’à ces conditions, a indiqué M. Niklasson, que l’UE pourrait débloquer des financements supplémentaires « au bénéfice direct du peuple afghan » afin d’aider un pays plongé dans l’une des pires crises humanitaires de son histoire. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a précisé, dimanche, que « le dialogue n’implique pas la reconnaissance du gouvernement taliban ». Néanmoins, ces déclarations ne signifient pas qu’il y ait unanimité parmi les Etats membres.

Le désaccord franco-allemand

Les Français s’opposent, pour l’heure, à toute forme de retour à Kaboul, autre que lié à l’aide humanitaire, car cela reviendrait, disent-ils, à reconnaître le régime taliban. Or Bruxelles a déjà envoyé sur place un chargé d’affaires. Les Allemands et les Pays-Bas, fidèles à leur doctrine selon laquelle on ne négocie pas avec un régime, mais avec un pays, poussent aussi au rétablissement de relations diplomatiques avec les talibans. Berlin entend même employer 400 millions d’euros déjà alloués, début 2021, à des projets de développement en Afghanistan.

Par ailleurs, l’UE a dû faire marche arrière sur un projet promu par les partisans d’une coopération allant au-delà de la seule aide humanitaire. Les Allemands, notamment, soutenaient l’idée de payer, sans condition, les salaires des enseignants afghans pour que toutes les écoles puissent rouvrir dans le pays. La France était contre, mais ce sont surtout les Etats-Unis – par la voix de Tom West, émissaire américain pour l’Afghanistan qui a débuté, lundi, à Doha, ses propres pourparlers avec les talibans – qui ont bloqué cette initiative. Ils considèrent que cela reviendrait à financer directement l’Etat taliban, un régime ayant pris le pouvoir par la force.

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