France World

Nucléaire : l’Iran durcit sa ligne et réfute des « sanctions illégales »

Le président iranien Ebrahim Raïssi au Parlement lors d’une séance de vote de confiance, à Téhéran, le 16 novembre 2021. VAHID SALEMI / AP

A quelques jours de la reprise des négociations sur le dossier nucléaire de Téhéran à Vienne, le 29 novembre, très peu de détails concrets sont connus sur le positionnement du nouveau président iranien, l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, élu en juin, si ce n’est qu’il reste ferme. En attestent déjà les propos de certaines autorités de la nouvelle administration. Le 10 novembre, le négociateur en chef de Téhéran sur le nucléaire, Ali Bagheri Kani, a annoncé que les pourparlers de Vienne ne devraient guère être qualifiés de « négociations nucléaires », puisque, selon Téhéran, ces questions ont été résolues « de manière complète » dans le cadre de l’accord de 2015.

Au lieu de cela, les prochaines négociations doivent se concentrer « exclusivement » sur la levée des « sanctions illégales », a ajouté M. Bagheri Kani. En 2018, l’ancien président américain Donald Trump s’était retiré unilatéralement du « deal » nucléaire, ce qui a conduit au retour de nombreuses sanctions américaines contre Téhéran. En réaction, la République islamique d’Iran avait repris une grande partie de ses activités nucléaires. Aujourd’hui, le stock d’uranium de Téhéran est en croissance rapide. Une partie est enrichie à 60 %, alors que, selon les termes de l’accord, ce niveau ne doit pas dépasser 3,67 %.

Une arme atomique en un mois

Selon l’Institut pour la science et la sécurité internationale (ISIS), un groupe de réflexion aux Etats-Unis, spécialisé dans l’analyse des armes nucléaires, Téhéran pourrait produire suffisamment de matières fissiles pour construire une arme atomique en un mois, dans une « estimation du pire des cas ». De plus, depuis le mois de février, Téhéran bloque l’accès des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à ses installations.

Alors que les Américains évoquent la possibilité de proposer un accord nucléaire dit intérimaire, la presse iranienne, aujourd’hui principalement dominée par les voix dures, rejette avec fermeté ce scénario. Le 20 novembre, le quotidien ultraconservateur Kayhan a qualifié l’idée d’un accord intérimaire de « tromperie » et de « piège », se félicitant de l’expansion du programme nucléaire qui, d’après cette publication, est en train de porter ses fruits.

Sur la Toile, miroir de l’opinion publique en Iran en l’absence de sondages menés de manière indépendante, la reprise des négociations nucléaires ne semble guère susciter un grand intérêt parmi la population. Vendredi, alors que les agriculteurs et habitants de la province d’Ispahan (centre) cherchaient à poursuivre leur manifestation pacifique contre la mauvaise gestion de l’eau par les dirigeants, des protestataires ont été blessés par balles. De nombreuses vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des hommes et des femmes, parfois très âgés, couverts de sang. On y voit également les forces de l’ordre, en civil ou en uniforme, matraque et arme à feu à la main, frapper ou tirer sur la foule. Dans la région, l’accès à Internet a été fortement perturbé, une mesure que le régime iranien applique en cas de contestation. On ignore si la répression à Ispahan a fait des victimes. Une chose est pourtant certaine : aujourd’hui, le régime iranien ne semble guère prêt à faire preuve d’assouplissement, ni à l’intérieur ni à l’extérieur.

Source

L’article Nucléaire : l’Iran durcit sa ligne et réfute des « sanctions illégales » est apparu en premier sur zimo news.