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Face à Eric Zemmour, la maire de Genève rompt avec la traditionnelle neutralité suisse

L’actuelle maire de Genève, Frédérique Perler, en 2020. MARTIAL TREZZINI/KEYSTONE-ATS

« Ce monsieur n’est pas le bienvenu. Sa présence n’est pas opportune dans un lieu géré par la ville ; ce qui la rendrait complice de la propagation de messages haineux (…) Nous serions en totale contradiction avec les politiques que nous menons et avec les valeurs que nous défendons. » Pour son unique sortie publique des deux dernières semaines, la nouvelle maire de Genève, Frédérique Perler, qui occupe le poste depuis le 1er juin, n’a pas fait dans la dentelle, dimanche 14 novembre, sur les ondes de RTS Radio.

Aussitôt lâchée, la phrase a fait bondir tous ceux qui, comme l’avocat genevois Marc Bonnant, estiment que la liberté de parole ne devrait jamais rencontrer de limitation. Lui-même devait finalement dialoguer, comme prévu, avec le polémiste d’extrême droite et presque candidat à la présidentielle française, le 24 novembre, mais dans une salle privée.

Jusqu’où doit aller la tradition libérale d’une ville qui s’honore d’avoir servi de refuge aux persécutés de toutes origines, à commencer par les huguenots durant la seconde moitié du XVIe siècle ? Un discours de haine multicondamné par la justice d’un Etat voisin peut-il s’exporter de l’autre côté du lac Léman en toute tranquillité ?

Maire par rotation

Face à toutes ces questions, et à l’avalanche de requêtes, la mairie a simplement envoyé au Monde un texte de cinq lignes indiquant… qu’elle ne souhaite plus « communiquer sur le sujet ». Les polémiques ne sont pas du goût de Frédérique Perler. Il est vrai que maire, à Genève, n’est pas une fonction aussi en vue qu’on pourrait l’imaginer, sauf quand l’actualité s’emballe, au grand dam de la personne qui a le malheur d’occuper le poste à ce moment-là.

Pour commencer, l’exécutif municipal est appelé ici conseil administratif, ce qui laisse une idée assez précise de sa fonction. Il est plutôt à gauche aujourd’hui, composé de deux socialistes (Christina Kitsos et Sami Kanaan), deux verts (Frédérique Perler et Alfonso Gomez) et une centriste (Marie Barbey-Chappuis).

« Je ne vais pas commencer à communiquer sur des hypothèses ou à faire des effets d’annonce. Je regrette que nous vivions dans une époque où certains s’expriment avant que les choses n’arrivent. Je n’actionne pas tout le temps ma petite sonnette, mais je pédale. » Frédérique Perler

Une surprise ? Pas vraiment. Même si elle reste une cité de banquiers et de grandes familles patriciennes et qu’elle abrite une importante communauté internationale en raison de la présence du siège de l’ONU en Europe et de plus d’une dizaine de grandes agences internationales et humanitaires, la ville est restée fidèle à son ancrage à gauche. A l’alliance rose-rouge d’autrefois qui pouvait compter sur un électorat ouvrier – Genève a connu plusieurs maires communistes – a succédé un attelage rose-vert porté par le vote bobo.

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