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Après la mort de 27 migrants dans un naufrage au large de Calais, la colère des associations

Par Julia Pascual

Publié aujourd’hui à 05h57, mis à jour à 06h16

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DécryptagesLa plupart des victimes étaient kurdes, originaires d’Irak ou d’Iran. Après ce drame inédit, les autorités appellent à lutter contre les passeurs tandis que les associations réclament des voies légales de migration vers le Royaume-Uni.

Le canot pneumatique s’est-il dégonflé ? Son plancher s’est-il écroulé sous le poids des hommes ? Un porte-conteneurs, comme il en transite plein dans ce détroit, a-t-il pu le faire chavirer accidentellement ? Dans la soirée du mercredi 24 novembre, on ignorait tout ou presque des circonstances du naufrage d’une petite embarcation de migrants qui tentaient de rejoindre les cotes anglaises depuis le littoral français. Mais c’est un drame sans précédent qui s’est déroulé au large de Calais (Pas-de-Calais). Au moins 27 personnes, dont sept femmes, sont mortes noyées dans la Manche. Un tel bilan est inédit.

Le président de la République, Emmanuel Macron, a déclaré dans la soirée que « la France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière ». Mais elle l’est, de fait, déjà devenue. A voir les corbillards entrer l’un après l’autre dans la zone portuaire de Calais – où les secours ont débarqué les corps des nombreuses victimes, c’est cette image qui dominait. « Combien de morts vous faudra-t-il ? » interroge une pancarte brandie parmi un groupe de quelques dizaines de personnes, des militants associatifs surtout, venues se réunir devant le port.

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Il y a des bougies posées sur les pavés, dans un hommage funèbre. « Quand on dit que les frontières tuent, c’est vraiment ça », souligne Alexine Fougner, 27 ans, engagée à Calais auprès d’une association qui aide les personnes migrantes vivant dans les campements à recharger leurs téléphones. « C’était des hommes, des femmes, des enfants, des humains. On devrait être 5 000 ce soir et on est 50, se désole Olivier Maillard, militant calaisien de 49 ans. L’empathie s’épuise dans ce pays. »

Des bougies ont été allumées en mémoire des migrants morts en mer, sur le quai Paul Devot, à Calais, dans la nuit du 24 au 25 novembre 2021. AIMEE THIRION POUR « LE MONDE »

La mer était calme

D’après les premiers éléments d’information partagés par les autorités et le parquet de Lille – où une enquête a été ouverte – les victimes étaient Kurdes en majorité, d’Irak ou d’Iran. Deux hommes rescapés ont par ailleurs été pris en charge à l’hôpital de Calais, vraisemblablement de nationalité irakienne et somalienne. Leur embarcation serait partie des environs de Loon-Plage, une commune proche de Dunkerque (Nord). Il est probable que les personnes venaient des campements voisins de Grande-Synthe. Dans l’après-midi, c’est un bateau de pêche qui a signalé des corps en mer, tout près des eaux anglaises, avant qu’un patrouilleur de la marine nationale, une vedette de la gendarmerie maritime et un canot tous-temps de la société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Calais soient dépêchés sur la zone.

Mardi, le temps était propice aux traversées. La mer était calme. Pas de vent, pas de brume. « Ça devait arriver, c’était écrit, réagit Alain Ledaguenel, président de la SNSM de Dunkerque, dont les équipages bénévoles ont réalisé plusieurs dizaines de sauvetages cette année, fréquemment appelés en renfort des bateaux de l’Etat. On sait que les moyens des secours en mer sont insuffisants. »

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