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Crise des migrants : la Biélorussie dit avoir obtenu des « négociations » avec l’Union européenne, qui n’admet que des « discussions techniques »

Quelque 4 000 migrants, majoritairement originaires du Moyen-Orient, campent, le 17 novembre 2021, à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, dans l’intention de rentrer dans l’Union européenne. MAXIM GUCHEK / AP

Le feuilleton géopolitique et diplomatique se poursuit à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, porte d’entrée vers l’Union européenne (UE). Minsk a annoncé, mercredi 17 novembre, avoir obtenu des « négociations » avec Bruxelles pour régler la crise migratoire en cours, mais la Commision européenne n’a confirmé que des « discussions techniques » avec l’ancienne république soviétique à propos du rapatriement des migrants dans leur pays.

La Commission « tiendra des discussions techniques sur les rapatriements avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés [UNHCR], avec l’Organisation internationale pour les migrations [OIM, associée à l’ONU] et avec la Biélorussie », a déclaré un porte-parole de l’exécutif européen, sans plus de précisions. La Biélorussie « doit donner accès à l’aide humanitaire et fournir un abri aux migrants dans le pays », a-t-il réaffirmé.

Ces déclarations font suite à un entretien téléphonique, mercredi, entre le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, et la chancelière allemande, Angela Merkel, le second en trois jours. Environ 4 000 migrants, originaires principalement du Moyen-Orient, campent depuis des jours, par des températures glaciales et dans des conditions dégradées, le long de la frontière qui sépare la Biélorussie de la Pologne, dans l’espoir de pouvoir entrer dans l’UE.

Coopération pour de l’aide humanitaire, selon Berlin

Des migrants font face à des barbelés à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, le 17 novembre 2021. MAXIM GUCHEK / AP

L’Occident accuse Minsk d’avoir orchestré depuis l’été cet afflux, en réponse à des sanctions occidentales contre la Biélorussie après la répression, en 2020, d’un mouvement d’opposition historique. Depuis isolé sur la scène internationale, Minsk a soutenu, mercredi, que l’appel entre Mme Merkel et M. Loukachenko avait abouti à un accord sur l’organisation de pourparlers entre la Biélorussie et l’UE.

Selon les dires de la présidence biélorusse, les deux dirigeants se sont entendus pour que « le problème dans son ensemble remonte au niveau Biélorussie-UE et que des responsables désignés par chacune des parties entreprennent immédiatement des négociations ». Mais cette annonce a été immédiatement nuancée par Berlin, qui n’a évoqué qu’une coopération entre Minsk et l’UE pour fournir une aide humanitaire aux migrants coincés à la frontière.

« La chancelière a souligné la nécessité de fournir une aide humanitaire et des options de rapatriement pour les personnes concernées » avec les Nations unies et « en coopération avec la Commission européenne », a déclaré, de son côté, le porte-parole de Mme Merkel, Steffen Seibert.

Onze morts depuis le début de la crise

Le ministre de la défense polonais, Mariusz Blaszczak, a averti le même jour que cette crise « pourrait durer des mois, voire des années », affirmant que les migrants avaient à nouveau « attaqué la frontière polonaise » pendant la nuit. La veille, les forces de sécurité polonaises avaient fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau pour repousser une foule que Varsovie accuse d’avoir jeté des pierres en tentant de traverser la frontière.

Des enfants migrants font face à des gardes-frontières polonais, le 17 novembre 2021. MAXIM GUCHEK / AFP

La Pologne ainsi que les deux autres voisins européens de la Biélorussie, la Lituanie et la Lettonie, refusent d’accueillir ces milliers de migrants. Les gardes-frontières polonais ont dit avoir enregistré, mardi, 161 tentatives de « passages illégaux », y compris « deux tentatives de passage en force ». Les organisations humanitaires affirment qu’au moins onze migrants sont morts des deux côtés de la frontière depuis le début de la crise cet été.

La Biélorussie et la Russie, qui nient être l’origine de la crise et critiquent l’UE pour ne pas avoir accueilli ces populations, ont condamné l’usage de la force par Varsovie, tout en se présentant en protecteurs des droits humains. La télévision d’Etat russe a montré, mercredi, des centaines de migrants dans un centre couvert, mis en place par les autorités biélorusses près de la frontière, où des familles ont passé la nuit.

De leur côté, Bruxelles et Washington ont annoncé, lundi, vouloir élargir dans les prochains jours les mesures punitives prises contre la Biélorussie. A la suite de fortes pressions de la part de l’UE, la compagnie aérienne biélorusse Belavia a annoncé que Syriens, Irakiens, Afghans et Yéménites étaient, désormais, interdits de vol depuis Dubaï vers la Biélorussie. La Turquie avait imposé ces mêmes restrictions la semaine dernière. L’Irak a, de son côté, annoncé un vol de rapatriement, jeudi, pour au moins 200 de ses ressortissants bloqués à la frontière, dont des femmes et des enfants.

Le Monde avec AFP

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