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Une semaine après le putsch, les Soudanais tiennent leurs barricades

Publié le : 31/10/2021 – 22:44Modifié le : 31/10/2021 – 22:55

Les Soudanais hostiles au coup d’État du général Abdel Fattah al-Burhane, ont maintenu dimanche les barricades à Khartoum, déterminés à tenir tête à l’armée alors qu’au moins une douzaine de manifestants ont été tués cette semaine. Le pouvoir a de son côté limogé le procureur général qui avait ordonné la libération de plusieurs figures de l’ancien régime d’Omar el-Béchir.

Une semaine après le coup d’État au Soudan, les manifestants hostiles au général Abdel Fattah al-Burhane ont maintenu, dimanche 31 octobre, la pression dans la rue malgré douze morts dans leurs rangs, selon des sources médicale. Tandis que soldats et paramilitaires quadrillent toujours les rues et qu’une bonne partie des membres du gouvernement civil sont emprisonnés par l’armée, les opposants au coup d’État semblent déterminés à relancer la transition vers la démocratie.

Les manifestants ont maintenu dimanche les barricades à Khartoum, observant la « désobéissance civile » ou refusant de travailler comme le réclament la quasi-totalité des syndicats. Installés à des barrages volants, les soldats fouillent passants et voitures à Khartoum, où la plupart des magasins demeurent fermés, signe que la « grève générale » décrétée lundi par les syndicats est suivie.

Samedi, ils avaient pris la rue par dizaines de milliers pour s’élever contre le putsch et le maintien en détention de la plupart des dirigeants civils qui jusqu’ici partageaient le pouvoir avec le général Burhane et d’autres militaires pour emmener le pays vers ses premières élections libres. 

Bilan de la semaine de manifestations : 12 morts et près de 300 blessés selon un syndicat de médecins prodémocratie. La police, elle, assure n’avoir jamais tiré à balles réelles.

Le procureur général limogé

Alors que lundi dernier la plupart des dirigeants civils du pays étaient emprisonnés, plusieurs figures de l’ancien régime d’Omar el-Béchir sont sorties de prison dimanche.

La télévision d’État a rapporté en soirée que le général Burhane avait limogé le procureur général qui avait ordonné ses libérations. 

Les partisans d’un pouvoir civil n’en démordent pas : pour eux, c’est la confirmation que le coup d’État veut ramener le Soudan à l’époque de la dictature, un attelage entre l’autocrate Béchir, des militaires et des islamistes qui ont valu au Soudan son inscription sur la liste noire des États-Unis.

>> À lire aussi : Qui est Abdel Fattah al-Burhane, commanditaire du putsch au Soudan ?

Levée des blocages à Port-Soudan

Les tribus qui bloquaient depuis un mois et demi le principal port, Port-Soudan, dans l’est, ont quant à elles levé le camp. « Après des discussions avec les dirigeants, des organisations internationales et de la société civile, nous avons décidé de lever notre blocage un mois pour donner le temps aux autorités de former un gouvernement puis pour que ce cabinet trouve une solution pour l’est », a affirmé à l’AFP Abdallah Abouchar, un des leaders des manifestants issus des tribus Beja.

Dans cette région, poumon commercial du Soudan où transite le pétrole du Soudan du Sud et la quasi-totalité de l’import-export du pays, les habitants disent ne pas voir les retombées de ce commerce, mettant en avant l’absence d’infrastructures et de services. 

Le blocage des Beja avait provoqué des pénuries dans tout le pays. De quoi exacerber les tensions au Soudan, englué dans le marasme économique et miné par des décennies de conflits, et mettre encore en difficulté un gouvernement civil déjà rendu impopulaire par ses réformes économiques. 

Médiation de l’ONU

Le représentant spécial des Nations unies pour le Soudan, Volker Perthes, s’est entretenu dimanche avec le Premier ministre déchu Abdalla Hamdok des possibilités de médiation de l’ONU dans la crise soudanaise pour sortir le pays de l’impasse après le coup d’État militaire.

Mais la cheffe de la diplomatie, Mariam Sadeq al-Mahdi, a affirmé qu’Abdalla Hamdok « ne participera pas à cet acte grotesque, cette trahison menée par les putschistes ». Volker Perthes a indiqué sur Twitter qu’Abdalla Hamdok était toujours placé « en résidence surveillée » à son domicile.

Exigeant le retour d’un pouvoir civil, Washington et la Banque mondiale ont suspendu leur aide financière, vitale pour le Soudan asphyxié par une inflation galopante et une pauvreté endémique.

En août 2019, Khartoum s’était doté d’autorités militaro-civiles en charge de mener la transition vers un pouvoir entièrement civil, après le renversement en avril de la même année du dictateur Béchir – qui a régné sans partage de 1989 à 2019, mais après plus de deux ans d’une délicate transition minée par les divisions entre et au sein des deux clans civil et militaire, l’entente a volé en éclats ces dernières semaines avec le putsch militaire. 

Avec AFP

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