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« Dans le nord-ouest de la Syrie, 1,8 million d’enfants ont désespérément besoin d’aide humanitaire »

Tribune. Alors que nous entamons notre dixième année d’enquêtes et de rapports sur les violations graves des droits de l’homme commises en Syrie, nous restons profondément bouleversés par le sort réservé aux enfants syriens. La majorité de ces enfants n’ont connu que le conflit et ses tragédies, et la liste des enfants victimes des bombardements et frappes aériennes ne cesse de s’allonger. Les enfants y ont grandi en état de siège, confrontés à la mort et à la famine, et leurs besoins les plus élémentaires sont bafoués.

Des millions d’enfants dépérissent dans des camps de déplacés aux conditions de vie révoltantes. Des enfants ont été détenus de façon arbitraire, victimes de torture et de violences sexuelles, nourrissant la convoitise de trafiquants qui marient les filles de force et enrôlent les garçons en tant qu’enfants soldats. Plus de la moitié des enfants de Syrie sont privés d’éducation élémentaire. Des milliers sont emprisonnés, souvent détenus parmi les adultes.

Alors que nous écrivons ces lignes, les enfants de Deraa al Balad dans le sud de la Syrie ont vécu plusieurs mois de siège, certains ont été tués dans les bombardements, d’autres déplacés de force vers le nord du pays ou ont fui en direction de la frontière jordanienne. Dans le nord-ouest de la Syrie, 1,8 million d’enfants ont désespérément besoin d’aide humanitaire.

Un mépris glacial de « l’intérêt supérieur de l’enfant »

Les parties au conflit syrien, uniquement guidés par des objectifs militaires et politiques, font tout bonnement preuve d’un mépris glacial de « l’intérêt supérieur de l’enfant », tel que consacré par la convention relative aux droits de l’enfant. Plus frappant encore, les pays dont des ressortissants mineurs croupissent en Syrie, et qui seraient tenus d’assister ces derniers afin de mettre fin à leur calvaire, refusent ou rechignent eux aussi à protéger les droits de l’enfant.

Selon les estimations, près de 40 000 enfants sont détenus, avec leurs mères s’ils ne sont pas orphelins, au sein d’Al-Hol et des autres camps proches de la frontière iraquienne dans le nord-est syrien. Près de la moitié d’entre eux sont iraquiens, et 7 800 enfants viennent d’environ 60 autres pays. La plupart de ces enfants sont âgés de moins de 12 ans.

Ils ne sont accusés d’aucun crime, et pourtant détenus dans de terribles conditions, privés de leurs droits à l’éducation, à jouer, ainsi que de soins médicaux décents. Une fois adolescents, les garçons encourent le risque d’être séparés de leurs mères et transférés dans des centres de détention. Ceux-ci comptent déjà 500 garçons étrangers, détenus parmi les adultes soupçonnés d’avoir combattu pour l’Etat islamique, au risque de perpétuer ainsi le cycle de l’endoctrinement, de la radicalisation, et du traitement inhumain.

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