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Sommé de quitter le pays, l’ambassadeur de France appelle les Biélorusses à « ne pas perdre espoir »

Dans une vidéo d’une minute publiée sur le site de l’ambassade de France après son départ, Nicolas de Bouillane de Lacoste annonce, les traits tirés : « Mon épouse et moi-même devons hélas quitter la Biélorussie. » En poste depuis moins d’un an à Minsk – nommé par décret en septembre 2020, il a pris ses fonctions en novembre, quatre mois après la réélection frauduleuse d’Alexandre Loukachenko à la tête du pays –, l’ambassadeur français a été sommé par Minsk de quitter le territoire à l’issue d’un ultimatum qui expirait lundi 18 octobre. Parti la nuit précédente, le diplomate explique en s’adressant aux Biélorusses : « Comme vous le savez, la France n’a pas reconnu le résultat de l’élection du 9 août 2020 et je n’ai pas remis mes lettres de créance. »

Ce spécialiste de l’Europe de l’Est, ex-premier conseiller, notamment, à l’ambassade de France à Moscou entre 2012 et 2016, ajoute avoir « passé ici des jours difficiles mais inoubliables », avant d’appeler son auditoire « à ne jamais perdre espoir en des jours meilleurs ». Tout au long de son message, Nicolas de Lacoste, 57 ans, s’exprime en biélorusse, langue désormais privilégiée par l’opposition au détriment du russe, demeurée la langue officielle dans cette ex-république soviétique. Cela lui a valu des remerciements sur les réseaux sociaux de la part des opposants et une volée de bois vert, à la limite de l’injure, des partisans et de certains médias proches du régime.

L’ambassadeur, cependant, ne renonce pas. Tout en condamnant, lundi, la « décision injustifiée » de Minsk et annonçant avoir pris « des mesures proportionnées » s’agissant de la représentation diplomatique biélorusse en France – l’ambassadeur, Igor Fissenko, a été « rappelé » dans son pays –, Paris a derechef nommé Nicolas de Lacoste envoyé spécial de la France pour la Biélorussie. Il devrait officier à distance, en lien avec un chargé d’affaires et le personnel de l’ambassade, maintenus à ce stade à Minsk. « La France, comme elle le fait depuis le mois d’août 2020, en lien étroit et en cohérence avec les positions définies avec ses partenaires de l’Union européenne [UE], continuera de se tenir aux côtés du peuple biélorusse, en appui d’une solution politique durable à la crise que connaît la Biélorussie », a indiqué le Quai d’Orsay.

Moins de dix pays de l’UE encore représentés

Cette soudaine crispation n’est pas surprenante. Comme l’ensemble des pays européens, la France n’a pas reconnu la réélection d’Alexandre Loukachenko pour un sixième mandat, raison pour laquelle M. de Lacoste s’était contenté de présenter « la copie figurée de ces lettres » au seul ministre des affaires étrangères biélorusse. Puis, devant la répression féroce menée par le régime contre le vaste mouvement de protestation qui a essaimé sur tout le territoire, les ambassadeurs européens avaient, un temps, quitté le pays, avant, pour certains, d’y revenir. Aujourd’hui encore, sur les vingt-sept Etats-membres de l’UE, moins de dix restent sur place. En août, Minsk a aussi retiré son accord pour la nomination de l’ambassadrice américaine Julie Fisher, pourtant confirmée en décembre 2020 comme la première envoyée des Etats-Unis dans cette ex-république soviétique depuis 2008.

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