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Dans le Brésil de Jair Bolsonaro, des néonazis de plus en plus visibles et décomplexés

Des manifestants brandissent des pancartes comparant Jair Bolsonaro à Adolf Hitler, à Sao Paulo (Brésil), en 2018. NELSON ALMEIDA / AFP

LETTRE DE RIO DE JANEIRO

En apparence, tout paraît normal. Sur les vidéos publiées en ligne, une jeune étudiante fête ses 24 ans. Il y a des ballons colorés, des friandises. La famille est heureuse et entonne en cœur « joyeux anniversaire ». Mais un détail attire l’attention. Sur la table des festivités, trône un gros gâteau à la crème. En son centre, le pâtissier a dessiné un personnage célèbre, qu’on imagine important pour les présents. Il s’agit d’Adolf Hitler.

Le chef du IIIe Reich y est représenté en costume brun et brassard floqué d’une croix gammée. L’image choquante, qui paraît avoir été postée fin septembre depuis la ville de Pelotas, au sud du Brésil, est vite devenue virale, déclenchant une onde de choc et d’indignation en ligne un peu partout dans le pays. Confirmé ou pas, l’incident est en effet loin d’être isolé. Ces dernières années, le nombre de scandales impliquant des néonazis a explosé.

La liste est longue : en décembre 2019, un homme est photographié à Unai (Minas Gerais), son bras ceint d’un swastika. En mai, à Florianopolis (Santa Catarina), un autre individu est aperçu, agitant un drapeau nazi à la fenêtre de son immeuble, sous l’œil de ses voisins. Deux mois plus tard, en juillet, un homosexuel de 48 ans est tabassé par des agresseurs à Belo Horizonte (Minas Gerais). Ils l’abandonnent, inconscient, une croix gammée dessinée sur son front.

Quelque 530 « cellules néonazies »

Plusieurs affaires ont récemment impliqué des politiques de l’Etat de Santa Catarina, implantation historique des nazis brésiliens. En 2020, le Parti libéral (PL, droite) fit scandale en investissant comme candidat aux municipales dans la petite ville de Pomerode un professeur d’histoire, nazi notoire, connu dans la région pour avoir peint une croix gammée afin d’orner le fond de sa piscine.

Durant la même période, la gouverneure intérimaire de ce même Etat, Daniela Reinehr, nouvellement investie à son poste, fut sommée de s’expliquer sur les activités de son père, Altair, l’un des négationnistes les plus connus du pays. « Comme fille, je dois maintenir l’harmonie dans ma famille », balaie alors la femme politique qui, sous pression, finira par se déclarer du bout des lèvres « opposée au nazisme ».

Ces scandales ne seraient que la partie émergée de l’iceberg. Selon la chercheuse Adriana Dias, spécialiste du sujet, le nombre de « cellules néonazies » aurait bondi de 75 à 530 au Brésil entre 2015 et 2021. En tout, quelque 500 000 Brésiliens seraient consommateurs de produits liés au IIIe Reich (éditions de Mein Kampf, bustes de Hitler, brassards, drapeaux…).

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