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Autriche : le chancelier Sebastian Kurz annonce sa démission après des accusations de corruption

Sebastian Kurz juste avant son allocution à Vienne, samedi 9 octobre 2021. GEORG HOCHMUTH / AFP

Le chancelier autrichien Kurz, soupçonné de corruption, a annoncé sa démission samedi 9 octobre. « Il serait irresponsable de glisser vers des mois de chaos ou d’impasse », a déclaré M. Kurz devant la presse à Vienne, expliquant se retirer pour « la stabilité » du pays tout en réfutant de « fausses accusations ». « Je veux céder la place pour éviter le chaos », a-t-il ajouté, disant avoir proposé le nom de son ministre des affaires étrangères, Alexander Schallenberg, pour lui succéder.

Diplomate de carrière, âgé de 52 ans, M. Schallenberg a une image de haut fonctionnaire impartial, même s’il est un proche du parti conservateur du chancelier, l’ÖVP. La position de M. Kurz était devenue intenable après que le parquet anti-corruption l’a accusé mercredi d’avoir, entre 2016 et 2018, utilisé « des ressources du ministère » des finances pour « financer des sondages d’opinion partiellement manipulés qui servaient un intérêt politique exclusivement partisan ».

M. Kurz et neuf autres suspects, ainsi que le parti ÖVP et un groupe de presse tablöid, font l’objet d’une enquête liée à cette affaire. Des perquisitions ont eu lieu mercredi, notamment au siège du parti et à la chancellerie. Dans un communiqué, les procureurs avaient fait savoir que leurs enquêtes visent directement le jeune et très populaire chancelier pour « détournement de fonds, corruption et trafic d’influence ».

Précédent scandale de corruption en 2019

Mis à part l’ÖVP, toutes les formations réclamaient la démission du chancelier âgé de 35 ans, y compris les Verts autrichiens, partenaires minoritaires du gouvernement. Le vice-chancelier et leader des écologistes, Werner Kogler, avait estimé qu’« une nouvelle étape avait été franchie » avec l’ouverture de l’enquête. Le Parlement devait se réunir mardi en session extraordinaire, avec le possible dépôt d’une motion de censure commune

Entré au gouvernement en tant que secrétaire d’Etat en 2013 à 27 ans puis devenu ministre des affaires étrangères, Sebastian Kurz a une première fois accédé à la chancellerie en décembre 2017. Associé au parti d’extrême droite FPÖ, il a vu son gouvernement emporté en mai 2019 par un scandale de corruption, connu sous le nom d’Ibizagate. Il est ensuite revenu au pouvoir en janvier 2020, cette fois aux côtés des Verts, une coalition qui avait déjà été mise à mal plusieurs fois en raison d’autres affaires et de différences de points de vue sur la question des réfugiés.

S’il démissionne, M. Kurz a cependant annoncé qu’il comptait rester chef du parti et président de son groupe parlementaire, un rôle crucial dans le système politique autrichien. Il n’a par ailleurs pas précisé s’il pourrait potentiellement réintégrer ses fonctions à l’issue d’une enquête dans laquelle il n’est, pour l’instant, pas même mis en examen. « Les accusations sont fausses », a seulement répété le chancelier démissionnaire samedi soir en reconnaissant timidement des « erreurs » de formulation dans certains de ces SMS publiés depuis mercredi.

Toute l’enquête est en effet partie de SMS échangés par un puissant homme de l’ombre du chancelier et saisis par la justice dans une autre affaire de corruption. Le fait qu’il reste chef du parti montre « que l’ÖVP ne veut rien changer et continuer sans broncher le système Kurz », a dénoncé Christian Deutsch, un cadre du Parti socialiste autrichien (SPÖ). En revanche, les alliés écologistes de M. Kurz ont salué cette décision. « C’est une étape importante » pour « continuer le programme de gouvernement » a déclaré M. Kogler.

Le Monde avec AFP

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