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Mali : l’interminable attente des proches du journaliste Olivier Dubois, enlevé il y a six mois

Le journaliste Olivier Dubois, photographié au cours d’un reportage, à Nioro (Mali), en septembre 2020. MICHELE CATTANI / AFP

Dans le bureau de Déborah Al-Hawi Al-Masri, planté sur la rive droite de Bamako, la capitale malienne, le temps est suspendu. Les minutes lui semblent être des heures et les heures des jours entiers, depuis six mois. « On me dit d’être patiente, mais je suis déjà à bout de forces », glisse la Française de 35 ans, vissée à ses deux téléphones. Depuis le 8 avril, elle vit dans l’attente et l’espoir de voir son compagnon, le journaliste français Olivier Dubois, sortir de sa captivité. Ce jour-là, à Gao, dans le nord-est du Mali, une zone où pullulent les katibas djihadistes depuis le déclenchement de la guerre en 2012, Olivier Dubois a été enlevé, après avoir voulu interviewer un chef intermédiaire du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaida).

« Il était pourtant confiant de revenir de ce voyage sain et sauf », soupire Déborah Al-Hawi Al-Masri. Elle en tient pour preuve leurs derniers messages, échangés lorsque Olivier Dubois monte à bord de l’avion, direction Gao, le 8 avril. Un selfie accompagné d’un mot : « Je vais éteindre mon téléphone. Dis à Aminata de préparer ses beignets à la viande pour mon retour. » Que s’est-il passé, ce 8 avril, dans la cité des Askia ? Le mystère demeure. Le journaliste indépendant, fin connaisseur des dynamiques sécuritaires maliennes, avait bien préparé son voyage. A-t-il trop fait confiance à son réseau, pourtant solide et qu’il ne cessait d’alimenter depuis son installation au Mali, en 2015 ?

Cette année-là, lui et sa compagne posent leurs valises à Bamako, séduits par « la simplicité de vie, le sens de l’accueil et la chaleur humaine des Maliens », raconte Déborah Al-Hawi Al-Masri. Les premières impressions d’Olivier Dubois sont celles d’« un pays à l’histoire riche et complexe », qu’il décide d’observer quelque temps, pour le comprendre avant d’être en mesure de le raconter. « C’est un journaliste animé par le désir de gratter la surface pour aller au fond des choses. Il paie aujourd’hui le prix de cet engagement », estime Célia D’Almeida, ancienne rédactrice en chef du Journal du Mali.

« Un journaliste exigeant »

Olivier Dubois écrit son premier reportage pour cet hebdomadaire malien le 20 novembre 2015. Son récit de l’attentat perpétré au Radisson Blu, un grand hôtel de Bamako, fait la « une » du journal. Le journaliste est alors l’un des premiers sur place, pour raconter, minute par minute, cette attaque qui a coûté la vie à 22 personnes et qui fut revendiquée par Al-Mourabitoune, un groupuscule affilié au GSIM.

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