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David Martinon : « A l’aéroport de Kaboul, il y a eu mille situations dangereuses »

David Martinon est ambassadeur de France en Afghanistan. Il a dû quitter le pays fin août dans la foulée du retrait précipité des troupes américaines et de la victoire des talibans. Avant de partir, il a supervisé, depuis l’aéroport de Kaboul, où s’était réfugiée son équipe, les évacuations de ressortissants français et de civils afghans.

David Martinon, ambassadeur de France en Afghanistan, au ministère des affaires étrangères, à Paris , le 16 septembre 2021. BRUNO LEVY POUR « LE MONDE »

Quand avez-vous compris que Kaboul allait tomber ?

L’accélération finale débute le 6 août, lorsque les talibans prennent Zaranj, le chef-lieu de la province de Nimroz, frontalière de l’Iran, qui est le lieu de passage des trafics de stupéfiants. Les choses se précipitent encore le 12 quand trois grandes villes tombent : Kandahar, Herat et Lashkar Gah. Le 14, j’écris à Paris pour dire qu’il faut accélérer l’évacuation. Je finis la note vers 22 heures et, au moment où je la termine, j’apprends que Mazar-e Charif est tombé. Mon intuition à ce moment-là est que cela va être très rapide.

Le lendemain matin, des rumeurs selon lesquelles les talibans sont dans le quartier du Parlement ne sont tout d’abord pas confirmées. Les Américains nous préviennent alors que la sécurité de la zone verte est assurée jusqu’au lendemain, le 16, à 15 heures Je réunis les ONG françaises pour leur dire de partir. Il était 11 heures du matin. A 11 h 32, le représentant de l’OTAN m’appelle et me dit : « Partez maintenant, ils sont à vingt minutes du quartier. »

Pourquoi avoir évacué l’ambassade à bord d’hélicoptères ?

A ce moment, on bouscule tout. Nous étions prêts à quitter l’ambassade en deux heures, le temps de détruire les systèmes de communication, ce qui restait d’archives papier, et notamment les archives consulaires. On avait déjà fait le transfert de nombreux dossiers à Paris dès juin. Il a fallu détruire tous les dossiers nominatifs, que nous avons brûlés. Nous avions acheté du ciment pour neutraliser les armes. Nous avions prévu de partir par la route à l’aéroport.

Mais, quand vous êtes préparés, cela vous donne l’agilité de vous occuper de ceux qui ne le sont pas. Les Français commencent alors à venir à l’ambassade, et je ne pouvais donc pas la fermer. Il a également fallu s’occuper d’autres partenaires qui ne pouvaient évacuer tous seuls. Nous avons envoyé des policiers pour les acheminer à l’aéroport. Mais cette escorte étant bloquée à l’aéroport par les talibans, nous n’avons plus eu d’autre solution que de suivre notre plan B, une évacuation par hélicoptère. Nous en avions fait la planification, mais ce n’était pas notre option privilégiée.

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