France World

Après l’Australie et les Etats-Unis, des relations tendues entre la France et la Suisse

L’ambassadeur de France en Suisse, Frédéric Journès, avait sollicité lui-même l’entrevue, dans les plus brefs délais. Reçu au ministère des affaires étrangères à Berne il y a quelques jours, il y a simplement transmis le message de la présidence de la République à ses interlocuteurs « éberlués », selon la SonntagsZeitung de Zurich, qui révèle l’information dimanche 19 septembre. Teneur du message : l’invitation à Paris, en novembre, du président de la Confédération suisse en exercice, Guy Parmelin, pour une « réunion de travail », ne serait plus d’actualité.

Il n’y a donc pas que la crise diplomatique avec les Etats-Unis et l’Australie après que cette dernière a renoncé à l’acquisition de sous-marins français pour lui préférer des engins américains à propulsion nucléaire dans le cadre du nouveau pacte stratégique Aukus (Australie, Royaume-Uni, Etats-Unis). Le président français, Emmanuel Macron, est aussi très remonté contre la Suisse, et là encore c’est un contrat d’armement perdu par la France qui est à l’origine de la brouille. Au début de l’été, en effet, la Suisse a choisi le chasseur furtif F-35 américain plutôt que son concurrent français, le Rafale de Dassault Aviation.

Tactiques sinueuses

Selon des sources proches du dossier, c’est moins la décision finale que les pratiques helvétiques de négociation sinueuses qui ont agacé Paris. Jusqu’au bout, la ministre suisse de la défense, Viola Amherd, aurait laissé entendre qu’il ne restait plus qu’à régler les détails de l’accord, comme les affaires compensatoires. Paris avait fait des concessions importantes, et M. Macron avait même proposé une forme de soutien à la Suisse dans sa position difficile face à l’Union européenne. Car, le 26 mai, le Conseil fédéral a mis un terme unilatéral aux négociations avec la Commission européenne à Bruxelles sur les contours d’un nouveau partenariat, et la Suisse se trouve depuis lors de plus en plus isolée sur la scène européenne. Or, selon plusieurs interlocuteurs, le ministère de la défense à Berne savait depuis longtemps que le choix du nouvel appareil de l’armée de l’air suisse serait en fin de compte défavorable au Rafale et qu’il n’y avait donc plus rien à discuter.

La décision de claquer la porte au nez du président de la Confédération suisse s’accompagne d’une autre, moins symbolique, mais à la portée plus inquiétante pour la diplomatie suisse. Paris ne souhaiterait plus aucun contact bilatéral de haut niveau avec Berne jusqu’à l’été 2022. La mesure est inhabituelle et met à rude épreuve non seulement les relations entre les deux pays, mais aussi celles entre la Suisse et l’UE, dont la France assurera la présidence du Conseil dès le 1er janvier et pour six mois.

Il vous reste 29.26% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Après l’Australie et les Etats-Unis, des relations tendues entre la France et la Suisse est apparu en premier sur zimo news.