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« Le retour des talibans est le coup de grâce » : dans l’est de la Turquie, le périple des réfugiés venus d’Afghanistan

Des migrants courent après avoir entendu des sirènes de la gendarmerie, le 6 août 2021 à Van, en Turquie. EMIN OZMEN / MAGNUM PHOTO

Installé pour la nuit aux abords de la mosquée Hazreti-Ömer, au centre-ville de Van, la grande ville de l’est de la Turquie, un groupe de jeunes Afghans partage un repas frugal dans la pénombre. Arrivés clandestinement depuis l’Iran voisin il y a quelques jours à peine, ils pestent contre les passeurs qui les ont abandonnés à Van après leur avoir promis de les transporter jusqu’à Ankara ou Istanbul. « Ils nous traitent comme du bétail et nous volent notre argent », explique Hossein, 21 ans, le plus déluré du groupe.

Originaire de Ghazni, le jeune homme ne se voit aucun avenir en Afghanistan. « Il n’y a pas de travail, la pandémie n’a rien arrangé. Le retour des talibans est le coup de grâce. » « Ils vont prendre Kaboul, c’est sûr », prévient Rahmatollah, un jeune adolescent arrivé clandestinement il y a quelques jours de Mazar-i-Charif avec sa sœur, son beau-frère et leurs quatre enfants.

La famille dit avoir payé aux passeurs un « package », comportant le franchissement clandestin de la frontière Iran-Turquie ainsi qu’un aller en minibus vers Konya, au sud d’Ankara. Mais une fois la première étape franchie, les passeurs les ont logés dans une maison abandonnée au milieu des champs et ne sont plus revenus.

Muhammet, 26 ans, le père de famille, se ronge les sangs. Rester à Van, à 40 kilomètres de la frontière iranienne, c’est s’exposer à être renvoyé vers l’Iran, ce dont il ne veut à aucun prix. Il prévoyait d’aller, non pas en Europe, mais à Konya, où il est sûr de trouver du travail.

La Turquie, vue comme un pays de cocagne

Il a déjà fait le voyage une fois il y a quelques années jusqu’à cette ville de l’Anatolie profonde, où, grâce à l’aide de migrants amis, il a réussi à se faire embaucher comme journalier sur des chantiers de construction. Après avoir amassé un petit pécule, il est rentré à Mazar-i-Charif chercher sa femme, Maryam, leurs quatre enfants ainsi que deux adolescents, ses beaux-frères, pour les ramener en Turquie, qu’il voit comme un pays de cocagne.

« Chez moi, c’est la guerre. On a peur pour nos vies. J’ai vendu ma maison pour 4 000 dollars et on s’est mis en route. Ça nous a pris un mois pour arriver ici », explique Muhammet, les yeux rougis par la fatigue, depuis le square qui jouxte la mosquée.

Dehors, il dort mal, les nuits sont fraîches, les couvertures manquent. Tout en parlant, il veille sur l’un de ses fils qui sommeille sous un arbre. « Les petits sont morts de fatigue », soupire-t-il en tripotant nerveusement le jouet de sa dernière née, âgée de 5 mois.

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