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Entré en campagne, Emmanuel Macron veut poursuivre ses réformes

Le chef de l’État a annoncé lundi soir de nouvelles mesures sanitaires pour lutter contre la propagation du Covid-19 en France. À moins d’un an de la présidentielle, il a également profité de son allocution pour rassurer son électorat sur sa volonté de réformer le pays.

Un président en campagne. S’il s’est bien gardé d’évoquer l’élection présidentielle de 2022, Emmanuel Macron avait bel et bien ce rendez-vous en tête, lundi 12 juillet, au moment d’annoncer de nouvelles mesures sanitaires destinées à lutter contre la propagation du variant Delta.

Car au-delà des principales annonces de son allocution télévisée – l’obligation vaccinale et l’extension du pass sanitaire –, le chef de l’État a également envoyé de nombreux signaux en direction de son électorat au sujet des réformes de l’assurance-chômage et des retraites et fait de la reprise du contrôle du destin de la France un possible slogan de campagne.

Obligation vaccinale, pass sanitaire étendu, tests PCR

Emmanuel Macron a annoncé la vaccination obligatoire pour les personnels soignants et non soignants des hôpitaux, cliniques, Ehpad et maisons de retraite, ainsi que pour les professionnels et bénévoles auprès des personnes âgées, y compris à domicile. Les personnes concernées « auront jusqu’au 15 septembre pour se faire vacciner ». À cette date seront mis en œuvre « des contrôles et des sanctions », a-t-il prévenu.

Dès le 21 juillet, le pass sanitaire – test covid négatif ou attestation de vaccination – entrera en vigueur dans les « lieux de loisirs et de culture » rassemblant plus de 50 personnes, et s’appliquera à tous dès l’âge de 12 ans, a indiqué le président de la République. Il sera ensuite étendu « début août » aux cafés, restaurants, centres commerciaux, ainsi qu’aux avions, trains, cars longs trajets et aux établissements médicaux.

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Les tests PCR, gratuits depuis le début de l’épidémie, contrairement à ce qui se fait dans de nombreux pays, seront par ailleurs déremboursés à partir du mois d’octobre s’ils ne sont pas prescrits sur ordonnance.

Emmanuel Macron a enfin annoncé qu’une campagne de rappel des personnes vaccinées les premières, en janvier et février – souvent les plus vulnérables –, allait démarrer « début septembre ».

Emmanuel Macron a commencé son allocution par un satisfecit en annonçant une prévision de croissance en France de 6 % en 2021 et la création, depuis le début de l’année, de 187 000 emplois. Il a également évoqué la suite de son quinquennat et en particulier la poursuite des réformes lors des prochains mois. Il a ainsi assuré que la réforme contestée de l’assurance-chômage, dont certaines dispositions ont été suspendues par le Conseil d’État, serait « pleinement mise en œuvre dès le 1er octobre ».

Cette entrée en vigueur correspond à une « volonté simple », a-t-il résumé : « On doit toujours bien mieux gagner sa vie en travaillant qu’en restant chez soi, ce qui n’est actuellement pas toujours le cas ».

Le président de la République a par ailleurs annoncé le lancement d’un « plan massif de formation et de requalification des chômeurs de longue durée » et la création d’un « revenu d’engagement » pour les jeunes sans emploi ou sans formation, particulièrement touchés par la crise sanitaire, suivant une « logique de devoirs et de droits ».

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Mais c’est sur une autre réforme contestée, celle des retraites, qu’Emmanuel Macron était particulièrement attendu. Celle-ci sera engagée « dès que les conditions sanitaires seront réunies », a déclaré le président, demandant au gouvernement de « travailler avec les partenaires sociaux sur ce sujet à la rentrée ».

« Pour protéger les retraites actuelles et celles de nos enfants sans augmenter les impôts, il est juste et efficace de changer notre système de retraites », a dit le chef de l’État, qui a affirmé que « les régimes spéciaux devront être supprimés pour les nouveaux employé dans ces secteurs » et a estimé que « parce que nous vivons plus longtemps, il nous faudra travailler plus longtemps et partir à la retraite plus tard ».

Alors que les sondages montrent que Xavier Bertrand pourrait représenter une menace en 2022, Emmanuel Macron, avec l’assurance-chômage et les retraites, fait des clins d’œil appuyés à l’électorat de droite en montrant que sa volonté de réformer la France est intacte. Le président se ménage toutefois une porte de sortie en évitant de s’engager pleinement dans une réforme périlleuse, à quelques mois seulement de la présidentielle – il a en effet précisé qu’il ne lancerait pas la réforme des retraites « tant que l’épidémie ne sera pas sous contrôle et la reprise bien assurée ».

« Reprendre le contrôle de notre destin »

« La seule solution est de continuer à bousculer le système et les positions établies, les rentes, les statuts. C’est ainsi que nous reprendrons le contrôle de notre destin comme nation. C’est ainsi que nous reprendrons chacun le contrôle de nos vies comme citoyens. La volonté que la France doit porter est bien celle-là : reprendre le contrôle de notre destin, garantir à chacune et à chacun des nôtres qu’il pourra retrouver le contrôle de son destin personnel, professionnel, familial et civique. »

Loin des enjeux immédiats de la lutte contre le Covid-19, l’allocution d’Emmanuel Macron semblait parfois dessiner un futur axe de campagne. Le chef de l’État a ainsi annoncé le lancement, à la rentrée, d’un nouveau plan d’investissement, après le plan de relance de 100 milliards d’euros décidé en septembre dernier, qui interviendra « après le travail et les consultations en cours ».

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« Nous déciderons d’un plan d’investissement qui visera un objectif : bâtir la France de 2030 et faire émerger dans notre pays et en Europe les champions de demain qui, dans les domaines du numérique, de l’industrie verte, des biotechnologies ou encore dans l’agriculture, dessineront notre avenir ».

Là encore, Emmanuel Macron a pris soin d’envoyer de nombreux signaux à l’électorat de droite, assurant que ses futures dépenses seraient financées sans « hausse d’impôts » et sans laisser « filer la dette ». Il a enfin particulièrement insisté sur « le travail et le mérite » : « Ce modèle social français repose sur un fondement : le travail. Sans travail, pas de production. Sans travail et sans production, pas de financement de notre santé, pas de financement du chômage partiel, pas de financement de nos retraites. »

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