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La Bibliothèque nationale d’Espagne embarrassée par les mystérieuses disparitions d’ouvrages de Galilée

LETTRE DE MADRID

L’original d’une œuvre de Galilée (1564-1642) a disparu de la Bibliothèque nationale d’Espagne (BNE), à Madrid. Le traité d’astronomie Sidereus nuncius (Le Messager des étoiles), paru en 1610, qui décrit ses premières observations de la Lune, a été remplacé par une vulgaire contrefaçon. Pis, après que le quotidien El Pais a révélé le vol, le ministère de la culture a mené ses propres recherches et conclu que quatre autres ouvrages du célèbre astronome et physicien italien manquent aussi à l’appel. La BNE pense que les disparus seraient plutôt au nombre de neuf.

Plusieurs scandales se mêlent dans cette affaire digne d’un roman policier. Tout d’abord, elle pose des questions sur la sécurité d’une institution chargée de conserver des manuscrits anciens de grande valeur. Le vol, en effet, a été découvert en 2014 par hasard, quand deux restaurateurs ont entrepris de traiter le livre et se sont rendu compte qu’il était trop neuf et trop propre pour dater du XVIIe siècle. Ces derniers ont informé leurs supérieurs, lesquels assurent avoir prévenu la direction.

Enquête secrète

Cependant, aucune plainte n’a été déposée avant 2018, quand un prestigieux chercheur britannique, Nick Wilding, professeur à l’université de Géorgie, aux Etats-Unis, a averti directement la directrice de la BNE, Ana Santos, que le manuscrit numérisé était un faux, et lorsqu’un professeur d’histoire de la science de l’Université nationale d’enseignement à distance (UNED), l’Espagnol Carlos Solis, a insisté pour savoir où se trouvait l’original.

M. Wilding sait de quoi il parle. En 2012, il a levé les premiers doutes sur les origines du magnifique Sidereus aux aquarelles peintes à la main de la librairie Martayan Lan de New York. Celui-ci s’est révélé être une contrefaçon, de qualité, réalisée par le faussaire italien Marino Massimo De Caro, spécialiste autodidacte de Galilée, condamné en 2013 pour le vol de plus de 4 000 volumes anciens de la bibliothèque Girolamini de Naples, qu’il dirigeait. En Espagne, l’ombre de l’Italien plane aussi sur l’affaire.

Depuis 2018, la Brigade du patrimoine historique de la police nationale enquête en secret, sans succès. Et pour cause. Si la supercherie a été découverte en 2014, les premières investigations laissent penser que le vol aurait pu être commis dix ans plus tôt. La dernière consultation de l’œuvre date en effet de 2004 quand un certain César Ovidio Gomez Rivero, Uruguayen résident en Argentine, s’est présenté avec une carte de chercheur à la BNE et a pu manipuler l’ouvrage.

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