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Un Algérien « ne peut qu’être musulman », selon un dignitaire religieux

Bouabdellah Ghlamallah, président du Haut Conseil islamique, ancien ministre des affaires religieuses, à Alger, en octobre 2004. Bouabdellah Ghlamallah, président du Haut Conseil islamique, ancien ministre des affaires religieuses, à Alger, en octobre 2004.

Un haut dignitaire religieux algérien a déclenché une polémique sur les réseaux sociaux en affirmant que « l’Algérien ne peut être que musulman », faisant fi de ses compatriotes non musulmans et des Européens, surtout Français, qui ont combattu pour l’indépendance de l’Algérie.

« L’islam et le nationalisme sont les deux faces d’une même pièce », a estimé le président du Haut Conseil islamique (HCI), Bouabdellah Ghlamallah, dans un discours prononcé mercredi 5 mai à l’occasion du 90anniversaire de l’Association des oulémas musulmans algériens, créée en 1931 pendant la colonisation française (1830-1962).

Ces oulémas, des théologiens juristes musulmans, ont représenté la composante islamique du mouvement national algérien, avec le slogan : « L’islam est notre religion, l’arabe est notre langue et l’Algérie est notre pays. »

C’est au nom de ce mot d’ordre que Bouabdellah Ghlamallah a contesté l’identité algérienne des non-musulmans. « Les graines semées par la France commencent à germer et les oulémas musulmans algériens doivent y faire face et poursuivre le djihad [« effort »] national et théologique pour éradiquer ces résidus », a souligné l’ancien ministre des affaires religieuses, dont les propos sont rapportés par le site en ligne du quotidien arabophone Echourouk.

« L’éradication comme solution d’avenir »

Sa déclaration a aussitôt fait réagir vivement des internautes. « Le message indirect de Ghoullamallah, le président du Haut Conseil islamique, à Maurice Audin, Fernand Yveton et d’autres – Il est impossible à l’Algérien d’être non musulman” – propose l’éradication comme solution d’avenir », a déploré l’écrivain et journaliste franco-algérien Kamel Daoud dans un tweet.

Le mathématicien Maurice Audin, militant communiste de la cause algérienne, est mort sous la torture de l’armée française en 1957. Fernand Yveton, également militant communiste ayant pris fait et cause pour l’indépendance de l’Algérie, a été guillotiné la même année à Alger.

Le Haut Conseil islamique est un organe consultatif chargé notamment d’émettre des avis à la lumière des prescriptions religieuses. Il est composé de quinze membres désignés par le président de la République algérienne.

Le discours du président du HCI s’inscrit dans un climat de tensions franco-algériennes, notamment autour de l’épineuse question mémorielle. A l’approche du 60anniversaire de l’indépendance de l’Algérie (1962), le président français Emmanuel Macron a engagé ces derniers mois une série d’« actes symboliques » afin de tenter de « réconcilier les mémoires », sans geste de réciprocité jusqu’à présent côté algérien. Un rapport dédié, remis en janvier par l’historien Benjamin Stora, comporte plusieurs gestes dans ce but.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a réaffirmé début avril que le dossier de la mémoire nationale « ne saurait faire l’objet de renonciation ni de marchandage » dans le cadre des relations bilatérales entre l’Algérie et la France.

Le Monde avec AFP

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