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En Birmanie, nouvelles violences au début du quatrième mois de détention d’Aung San Suu Kyi

Publié le : 01/05/2021 – 21:41

De nouvelles manifestations ont été réprimées par les militaires samedi alors que la dirigeante birmane, Aung San Suu Kyi, renversée le 1er février par la junte, entame son quatrième mois de détention. Plusieurs rassemblements ont eu lieu dans le pays, où près de 760 civils sont tombés sous les balles des forces de sécurité ces trois derniers mois.

L’ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, assignée à résidence par la junte qui l’a renversée, a entamé son quatrième mois en détention, isolée de l’agitation et des violences qui ont encore secoué le pays, samedi 1er mai.

La lauréate du prix Nobel de la paix 1991, amaigrie mais en bonne santé selon ses avocats, n’a pas été vue en public depuis son arrestation lors du putsch du 1er février.

Depuis trois mois, malgré une répression sanglante, des manifestations quasi quotidiennes ébranlent le pays, une vaste campagne de désobéissance civile – avec des milliers de travailleurs grévistes – paralyse des secteurs entiers de l’économie et des opposants, passés dans la clandestinité, ont formé un gouvernement de résistance.

Bombes artisanales

Samedi, de petits groupes de protestataires ont de nouveau défilé dans les rues, se dispersant rapidement par peur des représailles. Près de 760 civils sont tombés sous les balles des forces de sécurité ces trois derniers mois et quelque 3 500 sont en détention, d’après une ONG locale.

À Rangoun, la capitale économique, des manifestants ont déployé une banderole libellée : « Seule la vérité triomphera », tandis que d’autres ont brandi le portrait de « Mother Suu » Kyi pour exiger sa libération.

Plusieurs bombes artisanales ont explosé dans différents quartiers de Rangoun, d’après des témoignages recueillis par l’AFP et le programme d’information télévisé du soir, qui a fait état d’une femme blessée à Yankin.

« Ils (les militaires) font vivre la population dans le peur, c’est bien de les mettre eux aussi sous pression », a déclaré à l’AFP un habitant de ce quartier résidentiel, sous couvert d’anonymat.   

La contestation se poursuit également à travers le pays, avec des rassemblements à Monywa (Centre) ou à Dawei (Sud), où les participants arborant les drapeaux rouges du parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) brandissaient des pancartes affirmant : « Nous voulons la démocratie ».

Des milliers de réfugiés en Thaïlande

Dans plusieurs régions frontalières du Nord et de l’Est, la contestation a fait sortir de l’ombre plusieurs rébellions issues de minorités ethniques, en confrontation avec l’armée, dont certaines abritent dans les territoires qu’elles contrôlent des opposants ayant fui la répression de la junte.

Dans l’est du pays, où les affrontements entre l’armée et l’Union nationale karen (KNU), ont fait plus de 30 000 déplacés, selon l’ONU, des frappes aériennes de la junte ont visé dans la nuit de vendredi à samedi un secteur proche de la frontière thaïlandaise, provoquant une nouvelle vague de réfugiés.

« Des soldat birmans ont lancé une frappe aérienne, tirant notamment deux roquettes », selon un communiqué des autorités de la province thaïlandaise de Mae Hong Son. Plus de 2 300 Birmans ont franchi la rivière qui marque la frontière pour se réfugier en Thaïlande, selon la même source.

Par ailleurs, des tirs d’artillerie ont été entendus, samedi, près de Bhamo, dans l’État Kachin (Nord), a indiqué à l’AFP un travailleur humanitaire. L’armée a mené ces derniers jours dans cette région des raids aériens contre l’Armée pour l’indépendance kachin (KIA).

« Pas accès aux informations et à la télévision »

Les généraux font fi des multiples condamnations internationales, profitant des divisions au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.

Ce dernier a adopté vendredi une déclaration unanime exhortant à l’application du plan de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) en faveur notamment d’une « cessation immédiate de la violence ».

Mais la Chine et la Russie, alliées traditionnelles des militaires, refusent d’aller plus loin.

Le Conseil a de nouveau demandé la libération de tous les détenus, alors que la junte intensifie son offensive judiciaire contre Aung San Suu Kyi, inculpée notamment de sédition et violation d’une loi sur les secrets d’État. Elle pourrait être exclue de la politique, voire condamnée à des années de prison.

Derrière les murs de la résidence de la capitale Naypyidaw où elle est assignée, Aung San Suu Kyi est tenue à l’écart des agitations et des violences, selon ses avocats, qui disent ne pas être autorisés à la rencontrer, ne pouvant s’entretenir avec elles qu’en visioconférence lors de brèves audiences judiciaires très surveillées.

Elle n’a probablement « pas accès aux informations et à la télévision. Je ne pense pas qu’elle soit au courant de la situation actuelle », relève une de ses avocates, Min Min Soe.

Avec AFP

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