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Au Brésil, qui recense plus de 400 000 morts du Covid, une vague de pauvreté s’ajoute à celle de l’épidémie

Un homme allume une bougie à côté d’une croix symbolisant les morts du coronavirus, devant le Congrès, à Brasilia, le 27 avril 2021. Un homme allume une bougie à côté d’une croix symbolisant les morts du coronavirus, devant le Congrès, à Brasilia, le 27 avril 2021.

Beatriz pensait tout savoir des épidémies. « J’ai consacré ma vie entière à l’étude des virus », explique cette virologue de renom, cinquantenaire, directrice d’un laboratoire à Sao Paulo, préférant garder l’anonymat. Face aux coronavirus, « je me sentais donc puissante », poursuit-elle, avant d’ajouter : « Mais ça, c’était avant le mois de mars. Avant que mon père ne décède du Covid. »

A 82 ans, ce dernier « est mort brutalement, tout seul, dans l’un de ces hôpitaux saturés de Sao Paulo, transformés en scènes d’horreur par ce virus », confie la virologue, qui, à la suite du décès, a pris un long arrêt de travail. « Je n’arrive plus à continuer. Je n’y crois plus. Je me demande : à quoi est-ce que j’ai servi toute ma vie, si je ne suis pas capable de sauver les miens ? », s’interroge-t-elle, la voix brisée.

Beatriz est à l’image du Brésil, pays mis à genoux par la deuxième vague du Covid-19. La barre des 400 000 victimes de l’épidémie a été dépassée fin avril et les dernières semaines ont été particulièrement meurtrières : 100 000 malades sont morts en l’espace de seulement 36 jours, dans une hécatombe qui a touché tout le pays. Selon une étude réalisée notamment par l’Université de Brasilia (UnB), près de neuf Brésiliens sur dix (86 %) affirment connaître une personne décédée des suites du coronavirus.

Depuis quelques jours, une légère amélioration se fait pourtant sentir. Le nombre de décès quotidiens tourne désormais autour de 2 300 en moyenne, contre plus de 3 000 début avril. Le taux de reproduction du virus (le « R ») est désormais de 0,93, passé en dessous de 1 pour la première fois depuis novembre 2020, selon l’Imperial College de Londres. Dans plusieurs régions, le taux d’occupation des unités en soins intensifs tend à diminuer.

Doutes sur l’efficacité du « vaccin chinois »

« La situation s’est stabilisée à un niveau d’infection très élevé. Mais on ne peut pas encore parler de décrue, et la vague n’est pas dépassée », insiste José Cassio de Moraes, médecin épidémiologiste reconnu, membre de l’Observatoire Covid-19, formé par des spécialistes du sujet. Le taux d’occupation des lits en soins intensifs dépasse 90 % dans 17 des 27 capitales régionales du pays. « L’avenir reste très incertain », complète le chercheur.

Tous les espoirs sont aujourd’hui tournés vers la campagne de vaccination. Mais seuls 30 millions de Brésiliens ont reçu au moins une première dose, soit 14 % de la population. Dépassé, le ministère de la santé a revu son programme à la baisse, prévoyant la livraison de 32,4 millions de doses en mai, contre 46,9 millions au départ. Dans plusieurs municipalités, l’injection d’une seconde dose a dû être suspendue, faute de stock.

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