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En Israël, après la bousculade mortelle de Méron, un jour de deuil et des polémiques

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, se rend sur les lieux de la bousculade de Méron, vendredi 30 avril. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, se rend sur les lieux de la bousculade de Méron, vendredi 30 avril.

Ils sont restés. Ils marchent, murmurent des prières et dansent parmi les détritus innombrables de la veille. Ce n’est plus la foule immense du jeudi 29 avril, au pic de la fête de Lag Baomer. Ceux qui le pouvaient sont rentrés chez eux pour passer le shabbat en famille. Mais des milliers de juifs ultraorthodoxes demeuraient vendredi près de la tombe du rabbin Shimon Bar Yochaï, sous la pente douce du mont Méron, qui domine la Gallilée, en Israël, au lendemain d’une bousculade qui a fait 45 morts et plus de 150 blessés dans le sanctuaire.

Sur place vendredi, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou a déploré un drame « déchirant » et annoncé un deuil national, dimanche. Mais qui s’en soucie ici ? La nation a fort peu de sens pour nombre de ces haredim, ceux qui « tremblent » devant Dieu. Ce deuil leur appartient en propre. Comme leurs quartiers à Jérusalem, Méron est pour eux une île où les laïques et les représentants de l’Etat n’entrent qu’avec le consentement des rabbins, et sur la pointe des pieds.

Dès les premières heures du jour, vendredi, les accusations ont fusé de toutes parts : la police, qui avait déployé des milliers d’hommes à Méron, en concertation avec les fondations ultraorthodoxes qui gèrent le lieu saint, a-t-elle failli ? « Pourquoi ce policier a-t-il bloqué l’escalier ? », interroge Nachman Gueta, 17 ans. Dans la nuit de jeudi à vendredi, ce jeune homme est monté sur la rampe de sortie glissante, pavée de plaques de métal, ménagée sur le flanc droit du sanctuaire, où une foule incontrôlable s’est pressée contre une barrière installée par la police, selon de multiples témoignages.

« C’est tous les ans le désordre »

Nachman a aidé à porter des blessés. Il a distribué de premiers secours – il est « un peu formé pour ça ». L’adolescent est sous le choc. Il s’exprime d’une voix absente, triture ses longues papillotes noires du bout des doigts. Issu de la secte de Breslov, qui accueille nombre de nouveaux « convertis » à l’orthodoxie, il connaît bien les lieux. Il effectue ici son dix-septième pèlerinage. « Sur ces marches on le sait bien, c’est tous les ans le désordre. Nous avons essayé de le dire aux policiers, mais ils n’ont rien voulu entendre. De toute façon on ne leur fait pas confiance. »

Autour de lui s’échangent des vidéos de la vieille. Il y a ce jeune garçon qui prie qu’on le laisse sortir, tandis que des gens tâchent de dégager un obstacle. Le garçon serait mort. On montre sa photo. Il est roux et a des joues roses. Les policiers auraient empêché les secouristes orthodoxes de l’organisation Echoud Hatzalah de venir aider les blessés. C’est faux, contredit l’un de ces secouristes, qui traîne sur la rampe, et qui enjoint les jeunes gens à ne pas répandre de telles rumeurs. « Reste que tout le pays nous déteste, et la police aussi. Il n’y a que ça qui puisse expliquer rationnellement cet accident », lance en s’écartant un homme âgé venu de Jérusalem, qui ne donne pas son nom.

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